DÉCOUVERTES MUSICALES - 2024
MUSICALES
2024
Cette année, je suis tombée profondément amoureuse de Twin Tribes, un groupe que je connaissais déjà très bien depuis plus de trois ans, presque quatre maintenant. J'étais déjà bien fan pendant tout ce temps, mais leur nouvel album puis leur concert m'ont... transcendé ? fait voir ce que je ne voyais pas avant ? fait passé du côté obscur de la force ? J'ai beau chercher, en 26 ans de vie je ne pense pas déjà avoir vécu ça. Je ne me souviens même plus de comment c'était avant. C'est une expérience unique, bizarre, surprenante, déroutante, déstabilisante, mais surtout très euphorique.
"Euphorique", c'est un mot qui a bien marqué toute cette année au-delà de la musique, avec le mastodonte émotionnel qu'est Final Fantasy VII Rebirth, l'excellentissime Astro Bot, le surprenant Stellarblade, les délicieuses extensions d'Elden Ring et Alan Wake 2...
Par ailleurs, la musique m'a réconciliée avec l'espagnol. J'ai beau avoir eu 20 au bac d'espagnol, les cours m'avaient dégoûtée de cette langue que j'avais fini par trouver moche et ennuyante. Après près d'une décennie à n'avoir qu'un lien très éloigné avec, la musique m'a mené à avoir beaucoup baigné dedans cette année, jusqu'à même enfin me motiver à me procurer un roman espagnol, inexistant en français ou anglais, que je convoitais depuis 13 ans. Un rêve presque aussi vieux que la présence du goth et du metal dans ma vie. Au final, en quelques mois j'ai entendu et lu presque autant d'espagnol qu'en six ans de pratique scolaire, tout en y prenant bien plus de plaisir. C'est fascinant.
"Euphorique", c'est un mot qui va revenir plusieurs fois dans cet article. Je ne me concentre que sur les découvertes de groupes et d'albums, mais impossible de ne pas mentionner que j'ai enfin vu, après 7 ans de passion, les deux reines surréelles que sont Lana Del Rey et Eivør. J'ai également vécu, entre autres, mon troisième concert de Draconian, durant lequel j'ai réalisé un rêve vieux de 15 ans, et mon cinquième round de She Past Away, plus euphorisant que jamais. Et à ce sujet, j'ai beaucoup renoué avec la musique gothique, que j'avais mise un peu de côté ces deux dernières années au profit d'autres univers musicaux, et j'ai même passé beaucoup de temps à décortiquer pourquoi j'aime autant le gothique, dans un article que j'ai vécu comme une lettre d'amour.
C'est parti pour retracer tout ça dans cette neuvième édition de mes découvertes musicales de l'année...
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RÜFÜS DU SOL
Deep house, alternative dance, indie electronic – Australie
Avec 9,4 millions d'auditeurs mensuels (6,5 quand j'ai commencé à écrire ça en mars), RÜFÜS DU SOL est le 5ème groupe le plus populaire de ma collection. Pourtant, il m'aura fallu deux ans pour les adopter. Dans la catégorie "laisser le temps faire les choses"...
En 2022 je suis tombée sous le charme des deux chansons ci-dessous, que j'ai de suite adoptées dans ma collection et que j'écoutais régulièrement. Malgré ça, le reste de leur discographie ne m'a pas du tout charmé.
Sauf qu'ils ont continué à beaucoup m'intriguer, notamment à cause de leur étrange nom. Alors deux ans plus tard, je réessaie d'écouter, motivée par Final Fantasy VII Rebirth et son Rufus Shinra que j'adore un peu trop. Et là, la magie opère. Chaque album a une ou deux chansons que j'aime moins, mais en dehors de ça, pouf, c'est adopté. Adopté puissance mille.
Au croisement de plusieurs genres (deep/tech/prog/melodic house, alt dance, indie electronic, techno...) au point d'être difficilement classable ou imitable, la musique de ce trio australien est à la fois douce et dansante, feel good sans être simpliste, parfois mélancolique, souvent introspective et atmosphérique. Le tout est accompagné d'une voix très singulière dont la vulnérabilité n'est que renforcée par l'utilisation régulière d'un falsetto. De nombreux titres bénéficient également d'éléments expérimentaux et d'envolées psychédéliques et éthérées qui peuvent créer une ambiance complètement ritualiste et méditative. Je n'avais encore jamais fait l'expérience d'une ambiance pareille sur ce genre de musique, et je n'avais pas non plus connu de musique qui s'écoute et se vit de façons aussi différentes selon le contexte et l'humeur.
Par leur sonorité, leurs paroles, leur esthétique et leurs habitudes, RÜFÜS créent une atmosphère toute particulière : le désert, la plage, les festivals, les lasers, l'autoroute, la contemplation solitaire et la communion de milliers de personnes. Des lieux et visuels aussi contradictoires que complémentaires, qui créent un voyage abstrait. C'est profondément éthéré, mais pas une éthéréalité cosmique comme ISON, ni primale comme Wardruna ou Heilung. Rüfüs, c'est une éthéréalité euphorique, émotive, tournée sur les sentiments intérieurs et les relations avec les autres, avec l'art, avec la nature, avec notre monde intérieur et extérieur.
Les activités musicales de Rüfüs Du Sol s'articulent autour de trois pôles : la création musicale en studio, les concerts et les DJ sets. C'est donc à la fois un groupe et un trio de DJs.
Les DJ sets sont des soirées pouvant durer jusqu'à quatre heures pendant lesquelles ils mixent leur propre musique avec celle d'autres artistes gravitant autour de leur style. Jamais auparavant je ne m'étais intéressée à ce concept, et pourtant j'ai envisagé aller à Londres pour assister à un de leurs sets ! Rüfüs sont extrêmement doués pour créer des mix immersifs et pour donner du charme à des chansons que je n'irai pas forcément écouter seules.
En ce qui concerne leur propres albums et concerts, dans une scène musicale dominée par les formats courts comme les EPs et singles, Rüfüs s'articule autours d'albums, un format bien plus long. D'ailleurs le trio n'ésite pas à produire des chansons plutôt longues et clôturer chaque album par un voyage atmosphérique qui varie entre 7 et 10 minutes. Enfin, l'un des membres du trio est un batteur, ce qui confère aux albums et aux concerts une profondeur toute particulière. Ce mélange d'électronique et d'organique, plutôt rare dans le milieu, est central à l'identité du groupe. Sur scène, Rüfüs utilisent leurs talents de DJs pour créer des transitions entre les chansons et faire quelques mixages en direct, l'occasion pour nous d'entendre des choses qui n'existent pas sur les albums et pour eux de s'amuser et briller individuellement lorsqu'il s'agit de solos de batterie ou d'expérimentations au clavier.
Je ne suis que très rarement intéressée par les remix, et j'ai un désintérêt encore plus prononcé pour les versions qui changent totalement l'aspect de la chanson originale, qui n'en retiennent pas le coeur. Néanmoins, les remix de RÜFÜS (ceux publiés officiellement en tous cas) sont si nombreux que je me suis laissée tentée, et je n'ai pas regretté. Je ne les apprécie pas tous, mais il y en a un paquet que j'aime énormément car ils approfondissent les chansons originales, notamment en étendant l'aspect instrumental ou en appuyant sur de nombreux aspects déjà présents. Ces remix ne sont pas des parasites inutiles et sans âme ou sans cohérence, au contraire, ils s'intègrent parfaitement dans la discographie de base et viennent prolonger l'expérience d'écoute de manière logique et harmonieuse.
Côté humain, Rüfüs n'est pas un groupe qui laisse indifférent non plus. Tyrone, James et Jon, c'est des gars qui viennent au studio en costard cravate le vendredi, juste pour le plaisir de jouer aux gentlemen. C'est des gars qui se disent "et si on filmait un concert en plein désert à la tombée de la nuit, devant personne, juste pour le fun ?" et qu'ils en font un véritable bijou audiovisuel. Ou bien "et si on fondait notre propre label pour aider des artistes en qui on croit et rendre hommage à ceux qui nous ont aidé à l'époque ?" ; "et si on organisait notre propre festival, avec des rave party la nuit et des activités de méditation la journée ?" ; "et si on faisait notre propre thé alcoolisé ?". Ces projets, bien que totalement annexes à leur musique, sont issus d'envies et d'histoires personnelles et témoignent de la créativité, de la passion, du dévouement, de l'indépendance et de l'authenticité qu'on retrouve dans leur musique et leurs prestations scéniques.
Pendant deux ans, RÜFÜS DU SOL était un groupe dont je n'aimais que deux chansons... et puis, au début de l'année, ce trio venu de l'autre bout du monde est devenu une partie intégrante de ma collection de musique électronique (et de ma collection de CDs), avec une musique que je trouve terriblement touchante, planante, délicate et euphorique. Certaines chansons me donnent quasi-systématiquement des frissons, même après de très nombreuses écoutes, que je sois immobile ou en train de danser dans tous les sens. Leur musique me transporte et me fascine continuellement, elle est source de réconfort et d'émerveillement. À en juger par la simple longueur de cette présentation, vous pouvez deviner qu'il s'agit d'une découverte majeure non pas à l'échelle de l'année mais à l'échelle de ma vie toute entière.
De deux chansons à toute une discographie. De l'indifférence à la passion.
De mon salon à la scène du Zénith de Paris à l'été prochain.
La musique est magique.
You make me feel like I'm levitating, feel like I'm flying babe, whenever I'm with you
À écouter également : All I've Got – Break My Love – Lately – Fire/Desire – Imaginary Air – See You Again – I Don't Wanna Leave – The Life – Paris Collides
Remix : New Sky (Edu Imberon) – No Place (Will Clarke) – New Sky (Audiofly) – Wildfire (Colyn) – Tonight (Yolanda)
DJ set : Burning Man 2024 – Lightning in a Bottle 2024 – Sundream 2022 – Burning Man 2019
Pour fans de : playa tech, deep house
CAIFANES / JAGUARES
Rock alternatif – Mexique
Bon. Twin Tribes n'ont pas réussi à me convertir au rock en español qu'ils citent comme une influence majeure. Désolée Los Prisonieros, La Unión et autres Soda Stereo, j'ai franchement du mal. Le rock gothique de Héroes del Silencio est pas mal, mais trop répétitif et old school pour une écoute fréquente. Par contre, j'ai adopté Caifanes. Doucement mais sûrement, ils se sont frayé un chemin non négligeable dans mon coeur... Dans le premier jet de cette présentation, quand je n'avais pas encore fini de les découvrir, j'avais écris que "c'est loin d'être une révolution pour moi". Mais en fait, bah, si. Pas de la même manière que Rüfüs Du Sol, mais une révolution quand même. Qui a d'ailleurs détrôné Rüfüs de sa place de la présentation la plus longue...
La musique de Caifanes n'est pas du tout qualifiable de gothique mais ils sont considérés comme les The Cure latino, que ce soit pour leur look ou leurs sonorités. Jugés trop bizarres et même trop extrêmes pour la scène mainstream, ils ont d'ailleurs subi une certaine censure et ont commencé de manière très underground avant d'exploser en popularité. Le contexte historique est également notable : provenant d'une ère où le rock quel qu'il soit a été littéralement banni du Mexique pendant vingt ans, leur aura alternative a joué un rôle important dans la culture gothique et underground locale et sur le rock mexicain dans son ensemble, duquel ils sont désormais vus comme incontournables.
Néanmoins, malgré tout ça et malgré leurs 7 millions d'audieurs mensuels (alors même que tout un album est absent de la plateforme), ils semblent complètement inconnus en Europe. Je n'ai trouvé aucune trace d'un quelconque concert européen en pas loin de 40 ans de carrière. Bon, ok. Quelques jours après avoir écrit cette phrase j'ai trouvé des traces d'un concert en Belgique et un en Espagne. Un mois plus tard, dans une obscure vidéo, j'ai trouvé une autre date : le 28 août 1995, au Chesterfield, un petit café... parisien. Des traces de trois concerts européens, dont un en France. Des concerts qui datent d'avant ma naissance. Et qui, en réalité, n'ont au final jamais eu lieu.
Actifs entre 1986 et 1996 puis depuis 2011, Caifanes proposent un mélange de rock alternatif et progressif, post-punk, légèrement new wave et psychédélique, infusé de folk et de sonorités mexicaines dont la cumbia (cf la dernière entrée de cet article).
Sans être un groupe de musique traditionnelle ou spirituelle, le mysticisme est une part importante de leur identité. Musicalement, cela se manifeste à travers des sonorités tribales et folkloriques, mélangées à des guitares atmosphériques, mélodiques, lourdes et expérimentales, qui frôlent parfois la limite du metal, avec une voix qui peut être aussi puissante que délicate. Thématiquement, on retrouve fréquemment une imagerie liée au surréalisme, la transcendance, la mort, l'introspection, la sensualité et la sexualité, les questionnements existentiels, les sentiments forts, le voyage intérieur et extérieur, la connexion à soi, à la nature, au cosmos et au monde. On est donc sur un style profondément introspectif et poétique, tout en étant varié. Les ambiances qui en découlent sont le reflet de cette diversité : énergique, calme, mélancolique, atmosphérique, rêveur, énervé, sensuel, motivant, contestataire, mystérieux, spirituel... Caifanes ont de tout et le font très bien.
Cette identité nationale/régionale, cette profondeur thématique et cette diversité musicale distinguent très fortement Caifanes de mes autres groupes de rock, new wave et 80's. Ils ont des choses en commun avec Indochine, Culture Club, New Order, Tool, et même Poets of the Fall et Crippled Black Pheonix, mais ils ont surtout des différences majeures, qui font qu'ils ne sont réellement équivalents à rien d'autre que j'écoute déjà.
Sans même parler de cette voix juste magnifique que ce soit à 25 ou à 60 ans (et ce malgré quarante opérations pour des tumeurs de la gorge, plus impressionnant tu meurs !), et de ces paroles délicieusement poétiques qui peuvent être très intenses. Avec des engagements sociaux explicites, notamment en faveur des droits humains quels qu'ils soient et contre la corruption gouvernementale, la pauvreté, le manque d'éducation, les féminicides et violences faites aux femmes, le racisme et l'homophobie. Je viens à l'instant de lire une phrase dans interview : "on aime faire des choses qui rendent les gens heureux, qui les euphorisent". Et ça se voit. En concerts, qu'ils appellent d'ailleurs des rituels, ils invitent sur scène des fans, qu'ils appellent d'ailleurs alliés, et interagissent énormément de manière générale. Sur les réseaux, il y a beaucoup plus de photos des fans et de leur staff que d'eux-mêmes. Passion musicale et bienveillance, générosité, communion et humanisme. Que demander de plus ?
Juste après leur séparation, une partie des membres de Caifanes ont formé Jaguares, dont l'activité a duré entre 1996 et 2010, ce après quoi Caifanes se sont reformés. Quelle différence entre Caifanes et Jaguares ? Concrètement, aucune. Jaguares a prit une direction un peu plus hard rock, prog et psyché, mais il ne s'agit que d'évolutions naturelles qu'on aurait sans aucun doute retrouvé chez Caifanes s'ils avaient continué. On retrouvait déjà ces sonorités chez Caifanes, simplement dans une proportion plus petite, et d'ailleurs les trois singles que Caifanes ont sorti entre 2019 et 2023 en sont le parfait exemple, étant dans la continuité sonore directe de Jaguares. Il ne s'agit au final que d'un changement de nom dû à des problèmes internes entre les membres du groupe, qui ont engendré des problèmes légaux forçant ceux qui voulaient rester à changer de nom. Il existe plusieurs compils et même albums qui lient les deux, en concert Caifanes jouent des titres de Jaguares et vice versa, leurs logos sont écrits avec la même police, etc. Bref, dans ma perception et mon vocabulaire qui en découle, pour les musiciens eux-mêmes et semble-t-il pour la plupart des fans, Caifanes et Jaguares sont exactement le même groupe, simplement séparés en deux chapitres.
Le leadeur du groupe, Saúl Hernández, a deux albums solo, sortis en 2011 et 2014, et c'est tout aussi bon. C'est plus minimaliste, mais tout aussi touchant et poétique. Si le deuxième est très bien, le premier est juste phénoménal, extrêmement magnétique, à la fois délicat et heavy, mélancolique et atmosphérique. Je suis venue sans grand espoir, ayant une sacrée tendance à ne voir aucun charme dans les projets solo que proposent mes musiciens préférés, ni dans les artistes solo de rock en général. Je m'attendais à du "totalement inutile, au mieux sympa sans plus". Autant dire que je me suis pris une bonne claque, car non seulement c'est excellent, mais en plus il est impossible de considérer ça comme un bonus annexe. C'est le troisième chapitre de mon aventure.
Tu te crées une playlist pour rassembler les quelques pistes que t'aimes, et puis tu finis par tenter (sans succès) de te procurer des CDs tout en rageant sur le fait que les voir sur scène te sera probablement à jamais inaccessible. Le tout en moins de deux semaines. Une expérience impressionnante, aussi bien douce que amère. C'est d'autant plus frustrant quand quelques petites photos et vidéos suffisent à voir que leurs concerts sont des moments de réel bonheur pour tout le monde, avec un public qui compte beaucoup de jeunes goths en mon genre.
Des mots qui reviennent souvent dans les commentaires sur leur musique sont "un voyage spirituel" et "des chamans". N'étant pas mexicaine je ne comprendrai jamais ce sentiment de manière profonde, je ne pourrai jamais saisir l'étendue de leur importance culturelle et identitaire, mais il est clair que je comprends tout ça d'un point de vue personnel. En à peine deux semaines, je suis passée de me dire que "c'est pas si mal" à avoir créé mon propre t-shirt à leur effigie. Il est indéniable que la musique est magique et transcende les frontières, les générations, les cultures, mais aussi ce qu'on savait de soi-même, en nous faisant entrer dans des mondes dont on ne soupçonnait même pas l'existence.
Être une fan française, "jeune" et très récente est une expérience profondément passionnante mais aussi terriblement solitaire. Personne à qui en parler, pas un seul fanclub européen sur les réseaux, ma commu Instagram axée goth qui ne comprend pas mes délires... J'ai lu plusieurs centaines de commentaires mais la quasi-totalité est écrite en espagnol et on se doute bien qu'il ne viennent pas d'Espagne... et un très maigre espoir d'une tournée européenne (alors que le batteur Alfonso a liké un de mes commentaires où je leur envoie un bonjour de France, alors ils sont au courant qu'il ont un public français aussi ridiculement petit soit-il, y'a plus aucune excuse de ne pas venir !!!!! XD ah, si seulement c'était aussi simple que ça...). Pour ces raisons, si vous devez retenir une seule de mes découvertes de cette année, c'est bien celle-ci. Elle porte en elle un contexte culturel tout particulier dont on n'a pas l'habitude en France, et de manière personnelle, j'aimerais être un peu moins seule. Réussir à convertir au moins un lecteur, ou au moins piquer votre curiosité et vous convaincre pour une écoute occasionnelle, c'est le plus grand objectif de cet article.
Bref, Caifanes est un groupe qui me touche énormément, me passionne, me fascine et me fait frissonner d'admiration. Je suis plus qu'heureuse de partager la même époque qu'eux, même si de loin. Quel plaisir surréel d'alterner dans la même journée entre des interviews datant de dix ans avant ma naissance et des photos et vidéos de concerts qu'ils viennent de faire à l'instant. Un véritable voyage spatio-temporel.
Et puis, maintenant, ça me fait poser des questions : vais-je me au final m'ouvrir à d'autres groupes de rock en español ? vais-je saisir le charme de Soda Stereo et son Gustavo Cerati ? vais-je apprécier Héroes del Silencio un peu plus, et vais-je aimer les albums solo de leur Enrique Bunbury suffisamment pour aller le voir lors de sa prochaine venue à Paris ? vais-je me convertir à Los Prisonieros, La Unión, Café Tacvba, Maná, Zoé, Kenny y Los Eléctricos, Enjambre, Maldita Vecindad, tous ces noms avec lesquels je suis familière par leur simple présence dans le paysage périphérique de Caifanes ?
En attendant de voir tout ça, et dans l'espoir inespéré d'un concert en France, ou au moins quelque part en Europe, je me passionne pour leur discographie, si riche, diverse, créative et complètement magnétique. Et j'espère que mes profs d'espagnol sont un tant soit peu fières de moi, car mon 20 au bac est enfin rentabilisé...
Afuera – Amanece – Mátenme porque me muero – Viajando en el Tiempo – Y volví para creer – Inés – El Comunicador – Hasta que dejes de resprirar – Te estoy mirando – Aquí no pasa nada – Viaje Astral – El Momento – El Último Planeta – Viejo el mundo – Todo te da igual – De noche todos los gatos son pardos – Viento – Sombras en tiempos perdidos – El Milagro – Déjate Ver – Tu Reino – Hay amores que matan – Nubes – Detrás de los cerros – A través de la pared – Si fuera necesario – Adiós
Saúl solo : Fuerte – Remando – Sangre – Quiero saberlo todo – Te levantaste – Me Buscaré – Manos de Cristal – Voy a beberme el mar
Gracias Luis y Joel, ¡me han cambiado para siempre de varias maneras diferentes! Nunca nadie me podra parar, solo muerta me podran callar ;p
Nunca me quites ese embrujo tuyo
No importa si te miro desde lejos y no veo nada
No importa si tus manos se volvieron imposibles
Lo que importa es volar juntos
"La musique est un tatouage gravé dans mon âme, c'est même ma religion"
– Saúl Hernández
AEONIAN SORROW
Gothic/funeral doom metal – Finlande / Grèce
Durant les derniers jours de 2023, peut-être motivée par le froid et la pluie, j'ai eu envie de découvrir du doom metal encore plus lent que ce que je connais, plutôt côté funeral doom que death/doom. Et c'est ainsi que j'ai trouvé Aeonian Sorrow, dont je suis immédiatement tombée sous le charme, au point de les vouloir quasi-immédiatement sur ma battle vest – chose qui ne m'était pas arrivée depuis Swallow the Sun il y a quatre ans.
Et puis, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu'il s'agit du groupe de Gogo Melone, à qui je dois le sublime Celestial de ISON ! Sa voix, qui sait être aussi bien douce et angélique que puissante et primale, et un véritable atout pour ce groupe. C'est une combinaison surprenante et rare, mais elle ne sonne pas bizarrement car elle est parfaitement logique : la mort a une beauté poétique presque fictive, mais elle a aussi, et surtout, un côté tangible, naturel, inévitable et déchirant.
Inspiré par des décès et autres tragédies personnelles et réelles, Aeonian Sorrow s'inscrit dans la lignée du Swallow the Sun de ces dix dernières années avec des chansons dont l'obscurité est non pas un projet artistique mais une expression sincère de sentiments lourds. Cela ne m'empêche pas d'écouter ça comme simplement de la belle musique, que j'apprécie pour l'esthétique et l'ambiance indépendamment des inspirations ou messages, mais cette sincérité se ressent énormément et ne fait que renforcer le magnétisme du groupe.
Une combinaison parfaite pour du death/doom à esthétique gothique, mais avec une très large influence funeral doom, pour des chansons lentes, irrévocablement sombres et très méditatives. Leur tournée européenne de l'année n'a compté aucune date française, j'en était trèèès déçue, mais ça sera pour une prochaine fois !
Funeral : One Love – Forever Misery
Gothic : Ashes and Death – Ikuinen Suru – Katara
Pour fans de : Draconian, Swallow the Sun, Kaunis Kuolematon
VACÍOS CUERPOS
Darkwave, post-punk, coldwave – Mexique
Froid, minimaliste, et terriblement addictif, Vacíos Cuerpos est un duo que j'ai adopté en un clin d'oeil. Leur musique, aussi sombre que rythmée et chantée entièrement dans un espagnol introspectif, correspond plus que parfaitement à mes goûts en matière de musique goth. J'ai énormément écouté leur discographie depuis ma découverte en septembre et je ne doute pas une seule seconde qu'ils resteront durablement dans ma collection - d'autant plus que c'est un groupe très jeune avec une tout pertit répertoire, ça me fait donc très plaisir de soutenir la musique goth actuelle !
À écouter également : Silencio – Ya no sé quien soy – Fantasma – Perdido – Hoy solo quiero odiar – Perdí mi ojo de venado (Caifanes cover)
Pour fans de : Forever Grey, Twin Tribes, She Past Away, Lebanon Hanover, Selofan
NEBULA ORIONIS
Atmospheric black metal / blackgaze – Russie
En cherchant du blackgaze je suis tombée dès le début de l'année sur Nebula Orionis, et puisque ce nom est composé de deux mots en lien direct avec l'espace, j'ai été obligée d'aller découvrir ça... et je n'ai pas été déçue.
Il n'est vraiment pas facile de trouver des informations sur ce "groupe", si ce n'est qu'il s'agit du projet solo d'un certain Alexander.
Au programme : du black metal atmosphérique, plus précisément côté blackgaze, et majoritairement instrumental. Les rares voix sont soit des extraits de films, soit des blocs de voix distantes qui se fondent dans le décor, aux paroles tellement indéchiffrables que je jurerai que ce n'est pas du texte mais des simples vocalises.
Nebula Orionis, c'est un sublime logo impossible à reproduire pour ma battle vest, et c'est aussi 10 albums en 10 ans – une productivité sans doute aidée par l'approche musicale adoptée : les albums ne font jamais plus d'une demie-heure et sont tous dédiés à un thème et une ambiance en particulier. Dire que Nebula Orionis fait du black metal atmosphérique / blackgaze est vrai, mais c'est un raccourci : il prend une base de black metal pour créer des paysages sonores inspirés par divers thèmes, en y incorporant sans peur des éléments sonores qui collent au sujet, qu'il s'agisse d'electro, de darkwave, de piano ou d'envolées symphoniques.
Pour donner quelques exemples, Sorrow, à l'image de son titre, est contemplatif et renfermé, on est sur du black atmo plus classique. Il en va de même pour The Long Path to Nowhere, le dernier opus en date, sorti en août et inspiré par la nature. Starthrone est presque tout l'inverse : dédié à l'exploration spatiale, c'est un album entraînant, planant et lumineux, aux accents légèrement épiques et technologique. L'ambiance épique et l'instrumentation symphonique sont démultipliées sur Aether et Arcanist, inspirés par le jeu vidéo Grim Dawn. Enfin, Plague semble inspiré par une catastrophe moderne : la musique est sombrement épique, à la fois grandiose et mélancolique, et met en scène un combat entre l'espoir et le désespoir.
Nebula Orionis est donc profondément cinématique et atmosphérique, et convient parfaitement pour une écoute en tâche de fond. Testé et approuvé maintes fois sur des parties de League of Legends et sur l'écriture de ce blog.
Pour fans de : Alcest, Adrian von Ziegler, Synodic, Mesarthim
ULTRA SUNN
EBM, coldwave, darkwave – Belgique
ULTRA SUNN est un groupe tout récent, avec à son actif un album et un EP seulement. Il emprunte de la froideur de la coldwave et du rythme de l'EBM et de la techno pour créer une musique à la fois sombre et dansante, avec des titres qui sont différents les uns des autres mais plutôt répétitifs au sein d'eux-mêmes, ce qui donne un effet hypnotique parfait pour les pistes de danse.
Je les ai découvert à l'occasion d'un futur concert, mais malheureusement j'ai décidé de prendre mon billet quelques heures trop tard et le concert était complet, et le suivant je ne pouvais pas y aller. En attendant une autre opportunité de les voir sur scène, je me régale avec leur discographie. Juste avant de publier cet article ils viennent d'annoncer un autre concert en septembre, et ce avec ni plus ni moins que She Past Away ! Hâte !!!!!
Pour fans de : Rue Oberkampf, NNHMN, S Y Z Y G Y X, She Past Away
SAD MADONA
Coldwave, darkwave – France
Mélancolique, triste, sombre, romantique, dramatique, lent, froid, minimaliste, lumineux à l'occasion, et parfait pour s'échauffer avant un She Past Away ! Projet solo parisien découvert comme première partie ce février, Sad Madona est de la musique gothique qui s'inspire d'autres genres comme la shoegaze et la techno. Points bonus pour les paroles en français et l'approche artistique qui renvoie une image DIY qui m'est très appréciable.
Pour fans de : Forever Grey, Lebanon Hanover, Selofan
SYNODIC
Atmospheric/cosmic black metal – USA
C'est en cliquant sur une playlist de black metal à inspiration cosmique que je suis tombée sur ce groupe. Ils n'ont que 151 auditeurs mensuels, mais ça se comprend : un genre relativement niche et surtout, un seul album à leur actif. Séparé il y a désormais 7 ans, ce groupe a pu proposer un album très prenant, dont le black metal est aussi sombre qu'atmsophérique. Les paroles, bien qu'incompréhensibles à l'oreille, sont originales : elles sont en effet très scientifiques, très réelles. On est assez loin de groupes comme Nebula Orionis, Remina et ISON, pour qui cosmos rime avec science–fiction ou sentiments personnels plus qu'avec science dure. L'album est entrecoupé de pistes instrumentales, elles aussi excellentes. L'une d'entre elles est même accompagnée d'une citation de mon chouchou Carl Sagan !
En bref, Synodic c'est une belle trouvaille, qui se découvre très vite. Un seul album, dont le black metal est atmosphérique, scientifique et très mélodique. Tout pour me plaire.
Pour fans de : Nebula Orionis, Mesarthim, Sojourner, Saor
LA PROCESIÓN DE LO INFINITO
Goth rock, deathrock – Colombie
Du très bon goth rock, tout en espagnol, moderne mais sonne old school, un seul album pour l'instant. Thématiquement, on est sur du gothique bien traditionnel : dieux déchus, vampires, démons, amours damnés, solitude, la nuit et la lune, etc. Rien à dire, c'est juste très bien !
Pour fans de : Sisters of Mercy, Diavol Strâin, Rosetta Stone, Héroes del Silencio, Malefixio
S Y Z Y G Y X
EBM, darkwave, coldwave, techno – USA
Dans la catégorie "un nom que je vois passer depuis longtemps mais que je ne découvre que maintenant", je demande ce duo devenu projet solo. Cette artiste est une superbe addition à ma collection de musique gothique/sombre (très) électronique. C'est très dansant, expérimental, profond, hypnotique, sexy et futuriste. Parfait aussi bien pour l'écoute à la maison qu'en boîte de nuit ou concerts.
À écouter également : Blurred Visions – Fragile, handle with care – La Mort – Deeper – Destroy Me – Te siento tan dentro – Dangerous Creature – Gimme Chaos
Pour fans de : NNHMN, ULTRA SUNN, Rue Oberkampf, Patriarchy
CORBEAU HANGS
Darkwave – USA / Mexique
J'arrive pas à comprendre si c'est un projet solo ou un duo, en tous cas c'est de la darkwave moderne sauce old school largement inspirée par She Past Away et Clan of Xymox.
Corbeau Hangs vaut le détour car même si ce n'est pas le grand coup de coeur astronomique, c'est indéniablement une très bonne addition à ma collection de musique gothique. Et puis il n'y pour l'instant qu'un seul album, ça s'écoute donc très vite.
Pour fans de : Twin Tribes, She Past Away, Clan of Xymox, Diva Destruction, London After Midnight
THE KVB
Post-punk psychédélique – Royaume-Uni
J'ai passé des mois à me demander comment parler de ce groupe. Je ne sais toujours pas, notamment parce que je n'ai pas eu le temps d'approfondir cette découverte. Donc je vais laisser la musique parler pour elle-même :
Pour fans de : Föllakzoid, 10 000 Russos, Ash Code, Joy Division, Les Modules Étranges
JO QUAIL
Ambient – Angleterre
Quand elle a débarqué sur la scène de Wardruna et qu'elle a commencé à jouer de son violoncelle, j'ai été très perplexe. J'adooooore le violoncelle, mais... tout seul, sans rien, ça fait un peu vide, surtout pour un concert. Et puis, progressivement, ça a commencé à me faire penser à Bloodborne. Et puis ses morceaux se sont déliés, complexifiés, et ça m'a carrément captivée.
Armée de rien d'autre que de son violoncelle ressemblant à une arbalète et de quelques pédales d'effets, Jo Quail créée des pistes ambient, longues et atmosphériques. Sa manière inconventionnelle d'utiliser son instrument, de modifier sa sonorité et de créer des boucles sonores, le tout en temps réel, est impressionnante. D'ailleurs de là où j'étais je n'avais pas vu qu'elle avait des pédales, alors quand les premiers effets sont tombée par surprise j'ai été prise de court ! Une très belle découverte. Au vu de la nature extrêmement ambient ce n'est pas une musique que j'écouterai les jours, mais je n'oublierai pas de penser à elle quand je voudrais m'immerger dans des lectures sombres et étranges, et il est clair que je n'oublierai pas cette petite demie-heure plongée dans ses sonorités avant mon cinquième rituel avec Wardruna.
Ci-dessous deux des trois pistes qu'elle nous a joué ce soir-là, la troisième (à vrai dire première sur scène) étant Rex Infractus, que je ne trouve pas sur YouTube.
Pour fans de : Cryo Chamber, Atrium Carceri, Apocryphos, Kammarheit, Adrian von Ziegler
CUMBIA
Pour la troisième année consécutive, je termine cet article par la découverte de tout un genre musical. Les lecteurs qui auront suivi le fil rouge ne seront pas étonnés qu'il s'agisse d'un genre traditionnel d'Amérique latine, découvert encore une fois grâce à Twin Tribes.
Originaire de la Colombie du XVIIème siècle puis adoptée et réimaginée par les pays voisins jusqu'à nos jours, la cumbia est un genre vaste, pluriculturel et multigénérationnel. Ses caractéristiques principales sont une percussion à la fois omniprésente et minimale, accompagnée par une variété d'instruments traditionnels comme modernes afin de créer une musique dansante. La cumbia possède de multiples branches dont les variations proviennent d'identités régionales, d'évolutions historiques comme de choix stylistiques. Je n'ai pas trop eu le temps de me pencher bien en détail dessus, en tous cas il est clair que j'aime une assez grande partie de la playlist faite par Luis, qui vise et réussit à établir un pont entre gothique et cumbia. On a donc une sélection de pistes plus dark, influencées par le rock psychédélique, le punk, l'ambient, ou, pour un aspect second degré et halloweenesque, les vieux films d'horreur.
Pour l'instant, le seul artiste dont j'ai adopté presque l'entierté de la discographie est El Keamo, un projet solo californien (mexicain) dont la cumbia est influencée par divers genres électroniques : techno, acid, dubstep, deep house... Le résultat est varié, original, assez sombre et terriblement entraînant, et... je rêve où y'a des mélodies qui viennent directement de Final Fantasy VII ?!
Ce n'est pas un genre que j'écoute(rai) tous les jours, mais il est indéniable que la cumbia a énormément de charme, notamment par son aspect très fun et léger (dit-elle en étant en train d'écouter du doom metal bien sombre... XD), et qu'elle créé une bande son parfaite pour mes parties de League of Legends.
Ci-dessous, une sélection de mes pistes préférées et, pour ceux qui préfèrent, la playlist Spotify que j'ai créée
- Kumbia Queers - Mientes
- Kumbia Queers - Plantala
- Agrupación ilegal de los imparciales - Cumbia Psicoldelica
- Los Mirlos - Sonido Amazonico
- Cumbia Drive - Invasion al Area 51
De janvier à décembre
659 heures | 39 564 min
888 artistes | 3 523 titres
Artistes les plus écoutés :
1. RÜFÜS DU SOL
2. Caifanes
3. Twin Tribes
4. Low Roar
5. ISON
6. Aviators
7. She Past Away
8. League of Legends
9. Aeonian Sorrow
10. Nebula Orionis
(Stats de Caifanes combinées à celles de Jaguares et Saúl Hernández)
ALBUMS DE L'ANNÉE
Une petite pensée pour l'album posthume de Low Roar qui a été repoussé au début de l'année prochaine. Bien sûr j'ai hâte qu'il sorte, mais ce délai témoigne de l'importance de prendre son temps pour finaliser un album, et de prendre son temps pour faire son deuil. L'industrie musicale et même les fans poussent sans cesse à la production en chaîne, et maintenant à l'utilisation de l'IA générative, au détriment de la créativité, de l'humanité et de la sincérité – ce que pour rien au monde je ne souhaite soutenir.
RÜFÜS DU SOL – Inhale / Exhale
Selofan – Animal Mentality
La plus grande innovation d'Animal Mentality est que, pour la première fois de sa carrière, Selofan fait chanter son Dimitris en anglais, dans un style qui rappelle immédiatement leurs amis Lebanon Hanover mais aussi Clan of Xymox, avec quelques réminiscences des Sisters of Mercy. Ça sonne particulièrement bien et c'est rafraîchissant dans le contexte de leur discographie, mais ça a été fait un milliard de fois avant eux.
Si on oublie sa pochette visuellement repoussante, Animal Mentality s'écoute bien et fait plaisir... enfin, au début. Après plusieurs écoutes, l'album perd encore plus de son charme car j'y décèle facilement de nombreuses répétitions qui me donnent envie de zapper plusieurs chansons. Malheureusement, une nouvelle écoute à tête reposée des mois plus tard n'a rien changé à mon avis.
En somme, il s'agit d'un album oubliable et impossible à qualifier d'audacieux ou de plus convaincant. À des années lumières de l'album de Twin Tribes ci-dessous.
Twin Tribes – Pendulum
Eivør – Enn
Enn continue l'expérimentation électronique de son prédécesseur mais l'amène dans une direction très différente. Segl était dansant, lumineux et dynamique, tandis que Enn est presque tout le contraire : très atmosphérique, sombre, lent, minimaliste, calme, parfois même solennel, aussi bien dans le chant que dans la musique. Celle-ci est d'ailleurs très minimaliste, éthérée, et texturée à l'aide de guitares de fond et de reverb, flirtant parfois avec le cosmic ambient. Seules deux pistes vient donner du peps, l'une avec des sonorités synthpop, l'autre avec les vocalises primitives si iconiques de la reine nordique.
Quand on lit les traductions des paroles, toutes en féroïen par opposition au précédent opus presque entièrement en anglais, on comprend mieux cette ambiance : les chansons parlent de guerre, de désolation, de peine... bref, c'est pas trop joyeux. Mais n'allez pas croire que c'est négatif, bien au contraire ! Comme je l'avais écris pour l'album précédent, "cette évolution lui sied à merveille".
Enn est un album surprenant, impressionnant et magnétique, dont l'écoute me plonge dans une atmosphère dont je suis fan et qui continue de prouver qu'Eivør est unique en son genre.
Quatre mois après sa sortie, j'ai eu la chance de faire l'expérience de cet album joué dans sa totalité sur la sublime scène du Trianon. Mes larmes ont été aussi nombreuses que mes sourires. Avoir entendu tout cet album, en plus des légendaires classiques qui me font vibrer depuis maintenant 7 ans, et m'être procuré la setlist désormais arrochée au mur de mon salon, le tout depuis le premier rang et ce le jour de mon 26ème anniversaire... Magique. Inoubliable. Irréel.
Cigarettes After Sex – X's
Aviators – Casting Shadows
Clan of Xymox – Exodus
Bref, le Xymox post-2017 est toujours un non en ce qui me concerne, même si je n'avais pas beaucoup d'espoir après le naufrage qu'était leur opus précédent, dont les délires complotistes ont franchi ma limite de tolérance éthique. Je voulais leur redonner une chance dans l'espoir que ce n'était qu'un moment d'égarement décevant mais pardonnable, mais cette suite de mauvais goût ne fait qu'enfoncer les clous de leur cercueil. C'est terriblement triste à dire, je crois même que c'est la première fois que ça m'arrive, mais je pense qu'il est temps de mettre ce groupe au placard et de ne pas m'intéresser aux prochains albums. Fin octobre sont repassés à Paris avec mes chouchous Ash Code, mais ô combien je rêve de re-revoir ces derniers, j'ai passé tour afin de ne pas entacher les beaux souvenirs de leur concert d'il y a 7 ans (et au final ça tombe bien, Ash Code ont annulé). Au revoir, Clan of Xymox. Ta carrière fut belle mais trop longue pour ton propre bien.
Indochine – Babel Babel
Eh bien... pas grand-chose. Après l'excellent 13 sorti il y a (déjà ??!!) 7 ans, ce double album est difficile à avaler. Pour commencer, il est terriblement surchargé. D'une part, les titres eux-mêmes sont presque tous des surenchères : il y a trop d'éléments les uns sur les autres, souvent des répétitions et vraiment pas assez de mélodies distinctes. Je ne sais pas où donner de la tête dans cette longue cacophonie. Il y a même certaines pistes qui mélangent sans aucune transition des éléments qui ne collent pas ensemble, telle des chansons 2-en-1. Dans ce contexte, le fait que ce soit un double album de 17 pistes et 1h27 dessert complètement sa cause. Je ne le répèterai jamais assez, je suis vraiment fan d'albums longs quand c'est bien fait et utile, mais ce n'est pas le cas ici. Par ailleurs, je n'y retrouve pas ce que j'appelle l'esprit Indochine : des titres fédérateurs, des hymnes qui donnent des frissons, des histoires bien narrées, parfois un peu surréalistes, qui transportent dans un univers imagé. J'ai du mal à y retrouver l'identité d'Indochine, ce qui ne fait que contribuer à ce qu'aucune piste ne soit mémorable, et j'ai du mal à me projeter dans un concert. Autant 13 (et tout le reste) était parfaitement taillé pour la scène, autant celui-là, j'ai l'impression qu'il ne ressemblera à rien de cohérent ni d'intéressant.
Bon, ça c'était mon avis sur le premier CD. La deuxième partie de cet album est-elle meilleure ?
Eh bien... oui et non. C'est moins chaotique et plus mélodique, mais ce n'est pas suffisant pour me faire ressentir quoi que ce soit de plus profond que "c'est pas un bruit de fond dégueu". Et ça me pose problème, parce qu'Indochine a le potentiel de me faire rêver et de me foutre des frissons même par 40°C (phrase à prendre au premier degré), or ici c'est loin d'être le cas, et excusez-moi mais je ne vois aucun charme à ce que mon rapport à Indochine devienne similaire à celui que j'entretiens avec la musique d'ascenseur.
Qu'il s'agisse de la musique ou des paroles, rien n'est clair, ni cohérent, ni charmant. J'avais écris mon avis négatif sur la pochette avant d'écouter l'album, mais au final la pochette correspond très bien à la musique : surchargée, pas accueillante, sans queue ni tête, presque glauque malgré ses textes partiellement invitant à l'espoir. Quand ce n'est pas chaotique, c'est juste plat et inintéressant, complètement vide d'émotions. Si c'était le concept de l'album, bravo, c'est très réussi ! Mais ça ne me plaît pas du tout.
Je viens de lire Nicola Sirkis dire que "c’est un album plus étrange, plus déraisonnable", et oui, clairement, je suis d'accord. Un pari risqué que je salue mais qui, pour moi, n'a pas payé. Je voue une profonde affection à Indochine depuis presque toujours, et simplement écouter la voix de Nico, si réconfortante et iconique, m'a vraiment fait chaud au coeur. Malheureusement, cet album n'a pas sa place dans mes oreilles.
Swallow the Sun – Shining
Je comprends et je soutiens la démarche tant humaine qu'artistique, mais qu'en est-il de la musique ?
Sans passer par quatre chemins, cet album n'est pas fait pour moi. Les paroles lumineuses ne me dérangent pas, ni l'aspect plus mélodique que jamais, mais tout le reste coince. Une bonne partie me sonne beaucoup plus rock que metal, ce qui est très ironique pour un groupe de death/doom aux accents black et funeral, que des sous-genres considérés comme du metal extrême. À plusieurs moments ma réaction a été "oh, ça là, c'est bon ça !", mais ça a systématiquement été suivi d'une déception à cause d'un retour à des sonorités plates et banales. Pour moi Swallow the Sun rime avec émotion viscérale, mais ici la seule émotion que je sens est dans la voix et pas du tout dans l'instrumentation. La voix, et encore, car je parle seulement de quelques titres. Enfin, j'apprécie énormément les moments de calme atmosphérique, qui font partie intégrante de leur style, mais dans cet album ceux–ci sont trop nombreux pour être mémorables. Les finlandais étaient visiblement absents quand mon prof de français nous a appris que "less is more".
Après une première écoute, aucune piste ne se démarque des autres. C'est un contraste très bizarre avec l'entierté de leur discographie, qui pour moi a toujours agi, dès la première écoute, comme un coup de poing dans les émotions. C'est un contraste tout aussi bizarre avec l'album de Rüfüs Du Sol, découvert quelques jours auparavant et où chacune des quinze pistes provoque une émotion forte dès la première écoute, où chaque piste se distingue immédiatement des autres, avec une identité très marquée qu'il est impossible d'oublier. Je n'ai rien ressenti de tel ici, pas une seule fois, même pas un peu.
Je n'ai rien contre la lumière et l'espoir, au contraire, comme le prouve très bien par exemple mon amour pour Rüfüs Du Sol et leur dernier album particulièrement lumineux. Néanmoins, ce n'est pas pour ça que j'écoute Swallow the Sun, en tous cas pas si c'est fait de cette manière diluée, musicalement banale et pratiquement inexpressive. Tout manque de nuance, tout est gimmicky et forcé. Ce n'est pas une écoute désagréable, mais elle n'apporte rien d'intéressant. Une bonne idée mal exécutée. Shining est donc pour moi un album très moyen, borderline mauvais, qui ne vaut pas plus qu'une écoute vraiment occasionnelle. Je l'ai réécouté un mois et demi plus tard, à tête reposée, en espaçant les pistes et en les écoutant dans des contextes différents. Mon constat reste malheureusement le même. Je me console en me disant que je ne doute pas que cet album sera plutôt efficace en concert, notamment parce que la scène a le don d'alourdir le son, et parce que mon rapport à ce groupe est très émotif et que simplement les voir sur scène une troisième fois en mai me fera sans conteste du bien.
Kalandra – A Frame of Mind
REMINA – Erebus (EP)
Et voilà pour cette année ! :)
Le message de mon chat : plmôt
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