Le génie d'Elden Ring
J'ai joué à Elden Ring quelques mois après sa sortie, en été 2022. Quand j'aime une oeuvre, j'ai pour habitude de sauter sur mon blog pour écrire à son sujet, même avant l'avoir finie. Elden Ring, comme vous le voyez, a été le calme plat pendant deux ans. Je préfère recommander des oeuvres que j'ai aimées à fond, or j'estimais que mon expérience d'Elden Ring était trop mitigée pour qu'elle ait sa place ici.
Deux ans et un DLC plus tard, j'ai eu le temps de digérer cette aventure, de la voir avec du recul, et de faire la paix avec les grands points noirs qui m'ont frustrée. Dans cet article, qui est ma review gaming la plus longue et la plus personnelle, je souhaite expliquer ce que je n'ai pas aimé et pourquoi, mais surtout expliquer pourquoi Elden Ring est, malgré ses défauts, un chef-d'oeuvre incontestable.
Introduction
Elden Ring est le dernier jeu en date du studio japonais FromSoftware, mené par Hidetaka Miyazaki. Il est l'héritier de ses prédécesseurs, en particulier la trilogie Dark Souls mais aussi Bloodborne et un peu Sekiro, pour faire simple les jeux qu'on nomment "les Souls", qui se caractérisent par des combats volontairement difficiles qui forcent à l'apprentissage par l'erreur, un level design complexe et une histoire plus ou moins cryptique. Elden Ring est le premier Souls en monde ouvert, offrant au joueur une liberté inédite.
Je ne vais pas m'attarder sur l'histoire, car c'est, excusez mon langage, un joyeux bordel. C'est une histoire très riche et très complexe, avec un arbre généalogique à s'en donner des migraines et des concepts tellement étranges qu'ils échappent facilement à notre compréhension. En plus, je n'en saisis pas tous les détails. Néanmoins, dans les grandes lignes : une grande famille de demi-dieux se fait la guerre et a causé l'arrêt de la mort. Votre rôle est de devenir le Seigneur d'Elden, l'élu qui saura rétablir l'existence de la mort, en tuant les dieux s'il le faut, tout en naviguant les diverses factions politico-religieuses, les réalités sociales, les mensonges et révélations, les dilemmes et choix, et bien sûr les quêtes secondaires qui donnent de la profondeur aux habitants de ce monde.
Il est tout à fait possible d'adorer le jeu sans y avoir compris quoi que ce soit. Le coeur du jeu se trouve dans tout ce qui entoure l'histoire, c'est donc sous cet angle que je vais traiter le sujet.
Avec ses 25 millions de ventes et son prestigieux titre de Game Of The Year, Elden Ring est acclamé de toutes parts. Pourtant, tout en reconnaissant le génie du jeu, j'en suis ressortie partiellement déçue, frustrée, insatisfaite.
En surface, une expérience décevante
Des petites créatures aux demi-dieux, les ennemis sont légion dans Elden Ring. On dénombre pas moins de 140 types d'ennemis différents, ce qui est plus que chaque précédent FromSoft et plus qu'une poignée d'autres open worlds réunis - et c'est sans compter les ennemis ajoutés dans le DLC.
Elden Ring propose des combats qui sont les meilleurs de tous les Souls confondus, et même mieux, les meilleurs de tous les jeux confondus. Et il possède aussi le pire.
Sans rentrer dans les détails pour ne pas surcharger le propos, voici quelques notes que j'ai prises à l'époque au sujet de Margit, Gideon Ofnir, Maliketh, Elden Beast, Astel, les Gargouilles, Niall, Rennala... :
- Très mauvais choix de game design de le mettre en tout premier boss au vu de sa ridicule difficulté- Très stylé, mais encore une fois bien trop déséquilibré
- Qui a cru que c'était une bonne idée, sérieusement ?
- Un boss de fin très décevant, j'apprécie [ceci cela] mais le fight en lui-même est imbuvable
- Environ 15 essais, j'sais pas, j'ai arrêté de compter tellement ça n'en vaut pas la peine
- Un combat créatif et trop joli qui est vite devenu frustrant, quel dommage
- J'ai jamais vu un boss aussi mal designé et aussi peu fair play de toute ma vie
- Elden Ring est une masterclass dans de nombreux domaines, mais ce boss est tout simplement une honte.
Trop grande difficulté, attaques trop brutales et punitives, perte de temps à courir partout, secondes phases trop différentes des premières, supériorité numérique des ennemis, boss qui s'acharne à combattre contre le mur... Bref, vous l'aurez compris, il y a plein de combats que je n'ai vraiment pas aimés, au point de me dégoûter du jeu.
Avec le recul je pense toujours qu'Elden Ring est inégal dans les combats qu'ils propose, et certains boss m'exaspéreront quoiqu'il arrive.
Sauf que... réduire ma frustration au choix des devs serait de la mauvaise foi.
Quand j'ai lancé Elden Ring, je sortais tout juste de Bloodborne, autre jeu de FromSoft que j'ai enfin pu faire après 7 ans d'attente. C'est d'ailleurs en référence directe à Bloodborne que mon personnage s'appelle Gehrman, a les cheveux blancs, les yeux bandés et une faux. Bloodborne a été une expérience parfaite, des combats auxquels je n'ai rien à reprocher. Mon jeu préféré de tous les temps. Une expérience trop parfaite, car elle n'a fait qu'exacerber les défauts d'Elden Ring. Le recul m'a fait prendre conscience que je voulais qu'Elden Ring soit tout aussi parfait que Bloodborne, ce qui est profondément injuste.
Je pensais que le jeu était semi-mauvais, alors qu'en réalité je n'étais tout simplement pas prête pour y jouer, je n'étais pas redescendue de mon nuage précédent, j'avais les yeux embrumés par la comparaison. Ce sont deux jeux du même studio, appartenant au même genre et partageant de nombreuses similarités, mais ils reposent sur des styles de combat un peu différents, et surtout, sont d'une envergure totalement différentes. Elden Ring est mille fois plus grand et plus varié que Bloodborne, il est donc naturel que pas tout me plaise, que pas tous les boss ou aspects du jeu soient objectivement parfaits ou subjectivement à mon goût. C'est d'autant moins légitime qu'Elden Ring excelle dans tous les autres domaines, comme on va le voir un peu plus bas.
La deuxième raison de ma frustration est, elle aussi, due à mon propre mental : je me suis trop laissée influencée par les pseudo-débats sur internet, menés par d'absurdes élitistes qui s'acharnent à cracher sur les joueurs qui osent utiliser des armes, techniques, styles de jeu ou invocations qu'ils jugent trop forte. J'avais tout à fait conscience que leurs avis n'avaient aucune importance, mais j'ai une sorte de complexe d'inferiorité avec le gaming, je me sens régulièrement nulle et illégitime. Alors je me suis forcée à rendre mon expérience de jeu plus difficile et plus frustrante qu'elle ne devrait l'être, pour être à la hauteur des élitistes qui, pourtant, ne me verront jamais jouer. J'ai forcé de nombreux boss sans invocation avant d'enfin accepter que je n'y arriverai pas sans ce coup de pouce, je me suis refusé une arme super stylée jusqu'à très tard (voire jusqu'à ma deuxième partie, je ne sais plus) et je considérais que mon conjoint, qui utilisait cette épée sans honte, jouait avec un avantage. J'ai littéralement perdu de vue le but du jeu, à savoir l'amusement, et ça n'a fait qu'empirer ma frustration envers les boss que je n'aimais pas.
Le recul que j'ai pu prendre avec cette expérience négative avec Elden Ring m'a servi de leçon. Au moment où j'écris cette partie de l'article, je suis vers la fin de Shadow of the Erdtree, le DLC sorti le mois dernier. Et là, durant ces 40 et quelques heures, je n'ai ressenti aucune frustration (sauf pour le boss de fin, que j'ai abandonné). Je n'ai pas ragé ni été déçue une seule fois. Parce que j'ai compris. Je vois enfin Elden Ring pour ce qu'il est et non pour ce que j'aurai aimé qu'il soit, et d'autre part, j'ai compris que je suis là pour me faire plaisir. Alors j'ai sorti ma meilleure arme super pétée, je n'ai aucune honte à être en supériorité numérique avec mon invocation, je ne tryhard pas à faire des combats beaux et clean sans trop d'erreurs, sauf si j'en ai vraiment envie. Je n'ai pas hésité une seule seconde à prendre quelques niveaux d'avance. Je fonce dans le tas et je m'amuse. Fuck les rageux comme on dit.
En profondeur, une expérience sublime
J'ai craché sur certains boss, alors laissez-moi chanter les louanges de quelques-uns en retour :
Radagon, Messmer, Morgott, Margit et Radahn sont des masterclass tellement totales que les mots me manquent ; Rykard, Placidusax, Elden Beast et le Chevalier Putride puent la classe quand on accepte de prendre son temps ; j'ai adoré Godfrey, Godrick, Mohg, Romina. Et l'Esprit Ancestral ? L'un des combats les plus poétiques de ma vie, qui dégage une délicatesse et un respect solennel si particuliers.
Et, évidemment, Malenia. Ce n'est pas pour rien qu'elle est devenue une légende du jeu vidéo. Deux phases avec chacune sa barre de vie complète, un longue épée qui lui garanti une très grande portée, des attaques nombreuses. Une en particulier est horriblement difficile à esquiver, alors même que c'est un combat où il faut absolument rester calme et esquiver le plus d'attaques possibles car elle fait très mal et chaque attaque touchée lui rend de la vie. C'est un duel ardu, une véritable danse, 206 passionnantes tentatives dans une superbe arène. "Je me suis véritablement amusée, à aucun moment j'étais sur les nerfs ou je pensais que je n'y arriverai pas".
Elden Ring a des boss excellents, vraiment, et certains sont réellement parmi mes meilleurs combats tous jeux confondus. Et puis, le combat des ennemis normaux et de plein d'autres boss mineurs est parfait, je n'ai rien à y redire.
Mais rentrons dans le vif du sujet, dans le coeur de cet exposé : Elden Ring est bien plus que la somme de ses combats.
Une atmosphère hors-norme
Peu après être sorti de la création de personnage, le joueur fait face à un gigantesque et sublime panorama. Une invitation au voyage, un aperçu de ce qui nous attend, une promesse absolument tenue de nous en mettre plein les yeux.
Ce qui m'a donné envie d'écrire cet article, c'est le Village des Shaman, reclus au fin fond du DLC. Je combats un boss, j'avance un peu et je tombe sur ce village totalement vide. La musique me frappe immédiatement par son infini calme et son infinie familiarité : il s'agit des premières notes du thème principal du jeu, minimales, réconfortantes. Devant moi, un champ de fleurs multicolores. Aucun ennemi à l'horizon. À dos de cheval, j'avance le plus doucement possible dans ce havre de paix si apaisant.
Elden Ring est un jeu profondément atmosphérique et esthétique, d'une identité très unique, d'une créativité rare et indéniable. Nombreux sont les endroits qui n'ont d'équivalent dans aucun autre jeu, nombreux sont les moments de choc intense en découvrant une zone d'une beauté infinie, sur laquelle il est difficile de mettre des mots. L'esthétique d'Elden Ring est très onirique, impossible, surréaliste, aux couleurs vives et contrastées défiant le naturel, mêlant grandes étendues naturelles et bâtiments imposants d'archictectures diverses. Parfois c'est sublime et apaisant, parfois c'est glauque et oppressant, et tout ce qu'il y a entre les deux : mystérieux, magnétique, angoissant, envoûtant. Quoiqu'il en soit, ça ne laisse jamais indifférent. Siofra, Nokstella, Farum Azula, Côte Céruléenne, Altus, Leyndell, Elphael, Raya Lucaria, Liurnia, Stormveil, Enir-Illim... Aucune zone ne laisse indifférent. Aucune zone ne tombe dans l'oubli, et certaines laissent des marques absolument indélébiles. Malenia est difficile ? Pff ! C'est choisir quelles captures d'écran utiliser pour illustrer cet article qui a été un véritable challenge...
Le visuel passe aussi par le design des ennemis, qu'il s'agisse d'eux-mêmes ou des effets de leurs attaques. Les soldats lambda côtoient des créatures complètement bizarres, et de leur côté les boss sont tous marquants. Morgott et Godrick sont très étranges, tandis que Malenia et Messmer ont un charisme fou qui donne envie de les combattre encore et encore pour le simple spectacle visuel.
Tout cela n'est que renforcé par la musique du jeu, d'un magnétisme total. Nombreuses sont les zones où j'ai ralenti mon allure, voire même où je me suis assise, pour simplement écouter. Les pistes atmosphériques dégagent un mélange de sérénité, de mélancolie, de mystère et de solennité presque mystique. Les thèmes des boss, eux, sont d'une puissance épique phénoménale. J'ai écouté cet OST de très nombreuses fois en-dehors du jeu, et au tout début de l'année j'ai eu la chance d'être présente à l'unique concert symphonique parisien dédié à ce jeu. La musique est pour moi un aspect essentiel de chaque jeu, mais la musique d'Elden Ring me fascine continuellement. Elle est véritablement une entité à part entière, elle ne fait pas qu'accompagner passivement les visuels et les combats, elle sublime l'oeuvre dans son ensemble et est indispensable à l'expérience de jeu - comme elle m'a été indispensable à l'écriture de cet article.
Un game design plus qu'excellent
Elden Ring a une histoire, avec des personnages, des péripéties, des drames, des guerres. De l'amour parfois. Comme tous les Souls, cette histoire est cryptique, narrée de manière minimale et détournée. J'avoue que, au vu de l'envergure du jeu, des détails narratifs m'échappent. Mais quand j'en vois, je suis toujours choquée de l'inventivité des devs, et de leur talent pour raconter autant de choses avec si peu de mots.
Des tableaux trônent sur les murs d'un château, il s'agit du maître des lieux dans sa jeunesse, qu'on va devoir affronter dans sa forme la plus monstrueuse, rongé par le désir de pouvoir. Le Village des Shaman est entièrement vide d'âmes et même de maisons, mais la présence d'un item en particulier, d'un élément du décors en particulier, d'une lumière et d'une musique en particulier nous dévoile des détails de la vie d'un personnage central. Dans un donjon, un fantôme se lamente : "non, pas ça, tout sauf ça". Quelques mètres plus loin, la salle est remplie d'un certain type d'ennemi, et on comprend alors que cette entité, si loufoque, mignonne et généralement inoffensive, cache une réalité morbide et dérangeante qu'on aurait préféré ne pas savoir.
Les recoins sombres des châteaux renferment du précieux loot. On admire le paysage, puis on se rapproche du bord, et on voit qu'on peut descendre via des rochers. L'espace traversable à pieds est gigantesque et le terrain joue énormément de sa verticalité, et en plus le jeu profite aussi de son surréalisme pour proposer des zones magiquement déconnectées du reste. Un portail nous emmène vers un petit bout d'une autre zone, une fenêtre privilégiée coupée de tout. Pour accéder réellement à la zone, il faudra trouver le bon ascenseur, faire un détour, effectuer une pose précise devant une statue précise, ou bien sauter dans un cratère dont on ne voit pas le fond. Chaque zone visible est accessible d'une manière ou d'une autre, chaque bout de terre est praticable, et Souls oblige, il y a toujours des raccourcis à activer et des zones très, très bien cachées.
Elden Ring a un game design phénoménal, d'une complexité et d'une minutie fascinantes. Rien n'est laissé au hasard, rien ne fait simplement partie du décors, et tout est fait pour récompenser l'exploration, la découverte, la curiosité, la prise de risque, le courage, le saut vers l'inconnu.
C'est également de loin l'un des meilleurs open worlds auxquels j'ai pu jouer.
Le jeu ne prend pas la main du joueur, c'est à nous de nous débrouiller comme on veut. L'histoire est racontée en grande majorité par l'environnement et les descriptions d'objets, le contenu optionnel est d'une richesse exceptionnelle sans qu'on nous pousse à le faire, il n'y a pas de journal ou de marqueurs de quêtes, ni d'objectifs précis, ni d'ordre à suivre. Le terrain est gigantesque et offre une incroyable durée de vie (je l'ai fini en 128 heures en n'ayant pas tout découvert), et il en va de même pour Shadow of the Erdtree, qui est bien plus une extension à part entière qu'un simple DLC (50 heures). Le tout sans minimap, ni remplissage à outrance, ni peinture jaune, ni microtransactions.
De plus, la liberté du monde ouvert engendre une très large liberté de gameplay. On peut changer d'arme à loisir, combattre à l'épée, à l'arc ou à la magie. Les armes et armures sont très nombreuses et conviennent à tous les styles. Côté cheval, les déplacements et combats à dos du destrier spectral sont très fluides. Il y a aussi un mode multijoueur. Si comme moi vous ne pouvez pas y accéder ou que ce n'est pas trop fait pour vous, mais que vous aimez quand même les duels entre humains, vous pouvez tenter votre chance auprès de nombreux boss optionnels qui agissent comme des joueurs et offrent des sensations similaires à du pvp. On peut tracer en ligne droite ou prendre le temps d'explorer, on peut moduler le niveau de difficulté, par exemple en utilisant un équipement sommaire et en étant pile au bon niveau voire en-dessous, ou au contraire on peut utiliser un équipement très fort et farmer autant de niveaux d'avance qu'on veut. Elden Ring a un gameplay d'une flexibilité rare et parfaitement maîtrisée.
La liberté de mouvement et de choix, la flexibilité du style de jeu, la créativité de l'univers et la généreuse richesse d'Elden Ring sont frappantes, au point même d'être déstabilisantes. Le jeu a été l'objet de nombreux débats, aussi bien chez les joueurs novices que les vétérans, aussi bien chez les journalistes que chez les développeurs d'autres studios. Nombreux sont ceux qui espèrent que l'industrie prendra un tant soit peu exemple sur Elden Ring pour produire des jeux de meilleure qualité. D'autres au contraire en ont peur. Malgré son nombre assourdissant de joueurs et ses prestigieuses accolades, Elden Ring, comme toute oeuvre, ne peut pas plaire à tout le monde. Ce qui fait l'unanimité, par contre, c'est la reconnaissance de la profonde et indéniable unicité et innovation de ce jeu, alors même qu'il se base sur un genre déjà bien établi par FromSoftware eux-mêmes.
La magie du moment présent
Pas plus tard qu'hier, trois ennemis différents m'ont fait éclater de rire avec leurs attaques sorties de nulle part tels des screamers. Je passe beaucoup de temps à m'infiltrer comme si j'étais dans un Metal Gear, aidée parfois de mon voile mimétique qui me transforme en objet à proximité. J'attire les ennemis un à un avec mon arbalète, et s'ils sont trop dangereux je les tue à petit feu à distance, même si je dois y passer cinq minutes. Quand je retourne dans une zone bas niveau, je fais l'inverse : je fonce dans le tas et je m'amuse à one-shot tout ce qui bouge.
J'ai failli no hit Godfrey dès ma première tentative. À mon 94ème essai contre Malenia, j'ai naturellement fait un enchaînement d'une perfection qui défie toute probabilité, ces trois minutes où je me suis transformée en pro gameuse valaient toutes les victoires du monde. À mon 48ème essai contre Messmer, on s'est entretués ! Ça ne m'a pas validé la victoire et j'ai dû recommencer encore une dizaine de fois, mais ce mélange d'adrénaline, d'incrédulité et de joie valait toutes les victoires du monde. J'ai aussi, sans faire exprès, bloqué Gaïus dans une boucle qui m'a permis de le taper à volonté, et Morgott en NG+ ? Je lui ai roulé dessus, c'était trop bien !
Elden Ring est naturellement bourré de moments inoubliables, uniques, drôles, satisfaisants et surprenants, propres à l'expérience de chaque joueur.
En réalité je me suis énormément amusée, jusqu'à même m'imposer des défis : j'ai tenu à faire les premières phases de Malenia et Radagon sans invocation, à faire l'Esprit Ancestral sans me faire toucher et à battre Radahn en pur 1v1.
Mon plus grand défi à été de réussir Margit en no hit. J'ai passé beaucoup de temps en NG+ à tenter de le combattre sans me faire toucher, ce que j'ai réussi après 424 essais (voire 696 si on compte mes tentatives sur une autre version du boss). Ce chiffre est tellement énorme qu'il est est absurde, mais je vous assure que j'ai bien compté. Oui, je me suis "infligé" plus ou moins un demi-millier de tentatives sur un seul boss afin d'arriver à la perfection (que vous pouvez visionner ici). J'ai été motivée par plein de raisons différentes, mais surtout par la simple envie de le faire. "En plus d'être la première prouesse la sorte de mon expérience Soulsborne et de mon expérience gaming dans son ensemble, ce no hit marque la fin officielle de mon aventure dans Elden Ring, tout du moins pour l'instant".
Peu de jeux me donnent envie de m'acharner sur un boss (surtout si je l'ai déjà battu une fois), et encore moins de jeux m'inspirent à m'auto-défier pour le simple plaisir de le faire. Elden Ring, comme Bloodborne, le fait naturellement. Elden Ring, comme Bloodborne, est un très, très grand jeu.
Conclusion
"Un jeu qui a trop de défauts", "une fin décevante", "une expérience en demi-teinte", "très loin de Bloodborne"...
Heureusement, je n'avais pas à attendre deux ans pour que le recul fasse son effet. Six mois après avoir fini, c'était avec une immense joie que j'ai vu Elden Ring se faire sacrer jeu de l'année aux Game Awards 2022. Dans un tweet à 4h59 du matin, après plusieurs heures de conférence et une floppée de tweets où je crie ma joie en majuscules, je disais : "Elden Ring est plus imparfait que je ne l'aurais aimé, mais il n'empêche que c'est une expérience gaming, visuelle et musicale grandiose, réellement innovante et qui n'a clairement aucun équivalent. Mon jeu de l'année, de très loin". Avance rapide jusqu'en juin 2024, le temps m'a encore plus aidé à relativiser, et le DLC a ravivé ma flamme.
FromSoftware a toujours excellé en game design, et Elden Ring, au vu de sa taille colossale, ne peut que être considéré comme une masterclass en la matière. Elden Ring a bien plus en commun avec Bloodborne que je ne le voyais au début. Ouais, y'a une poignée de boss qui sont mal foutus. Et alors ? Réduire Elden Ring à ses combats est une erreur monumentale. Réduire Elden Ring à ses combats, c'est mal comprendre Elden Ring.
Mais du coup, c'est quoi, Elden Ring ?
C'est un chef-d'oeuvre, ni plus ni moins. C'est un jeu totalement unique, une masterclass, une claque dans la figure, une expérience vidéoludique comme aucune autre. Elle n'est pas parfaite, non. Mais qu'importe ? Espérer qu'un jeu de cette envergure soit sans aucun défaut est irréaliste. C'est en acceptant ce compromis que je me suis ouverte à l'étendue de la splendeur d'Elden Ring.
Comme je l'avais écrit dans mes notes après avoir battu Malenia,
Merci FromSoft pour ce bijou.
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