Être hypersensible
Dans cet article, j'explique ce qu'est l'hypersensibilité à l'aide d'exemples personnels.
Chaque hypersensible est un être humain, et donc chaque hypersensible est différent. Ce que vous allez lire s'applique globalement à tous les hypersensibles, mais les proportions, les détails ainsi que la façon générale de vivre et d'expliquer son hypersensibilité varient d'une personne à une autre.
ÊTRE HYPERSENSIBLE
"Pleurnicharde", "c'est qu'une chanson, arrête de te ridiculiser", "tu sais qu'il est mort depuis longtemps, pas vrai... ?", "allez, viens danser, fais pas ta difficile", "chochotte", "p'tite nature va", "arrête de bouder", "t'es chiante", "t'es trop fragile", "arrête ton cinéma", "pff, n'importe quoi"... Des phrases qu'on me répète depuis l'enfance.
Ce n'est que depuis ces dernières années que j'ai progressivement compris et que j'ai réussi à mettre de façon claire et sûre un mot sur toute une facette de mon expérience de vie : je suis hypersensible.
Le terme hypersensible, qui existe depuis les années 70, parle très bien de lui-même : hyper - sensible.
L'hypersensibilité, c'est une sensibilité accrue, que ce soit sur le plan émotionnel, physique ou mental. Cela mène a des situations, des réactions ou des émotions presque systématiquement jugées comme étant extrêmes, exagérées et ridicules.
Ce n'est pas une maladie ou un trouble mental. C'est un trait de caractère et une forme de neuroatypie. Beaucoup d'autistes sont également hypersensibles, mais pas tous les hypersensibles sont autistes. Les deux peuvent se chevaucher, mais l'hypersensiblité peut tout à fait être vécue seule, en tant que telle (ce qui est mon cas).
On estime que 20% de la population mondiale est hypersensible, dont 30% d'extravertis et 70% d'introvertis. Actuellement, les scientifiques ont pour pistes privilégiées des déclencheurs de l'hypersensibilité le développement dans l'enfance et la génétique.
L'acronyme HSP est très souvent utilisé, pour la version anglaise de "hypersensible", highly sensitive person.
Ce qui va suivre est une explication avec des exemples personnels, qui valent globalement pour la plupart des hypersensibles mais qui sont quand même personnels. Ma façon d'expliquer est également personnelle, mais se base sur le squelette communément admis de l'hypersensibilité.
Ce qui va suivre est une explication avec des exemples personnels, qui valent globalement pour la plupart des hypersensibles mais qui sont quand même personnels. Ma façon d'expliquer est également personnelle, mais se base sur le squelette communément admis de l'hypersensibilité.
ÉMOTIONNEL
Des émotions sans cesse décuplées
Que ce soit mon partenaire, mes amis, un jeu vidéo, un personnage fictif... quand j'aime, j'aime et je me donne à fond. Je suis extrêmement passionnée par tout ce que j'aime. J'accorde une énorme importance à mes amis (et un inconnu pourrait croire que je suis amoureuse d'eux). Je ne peux pas m'empêcher de parler d'un sujet ou d'une personne que j'aime, et ce même en sachant que mon interlocuteur s'en fiche, car le besoin de partager mon amour est plus fort que moi. Je peux me sentir très attachée à des personnages fictifs et nourrir envers eux des sentiments très profonds, tout en sachant bien entendu qu'ils ne sont pas réels.
Là où ça se voit le plus, c'est dans l'art. Beaucoup d'HSP sont extrêmement réceptifs à l'art. Chez moi, c'est la musique. Je ne peux vivre sans musique, comme beaucoup. Mais là, c'est amplifié. Je suis mélomane jusqu'au bout des ongles, j'ai un amour inconditionnel pour la musique de chaque artiste que j'écoute et je vis chaque concert avec une intensité incroyable. Et "intensité incroyable" sont des mots faibles pour décrire ça...
De plus, chaque chanson va me faire vivre des émotions différentes.
Je ne peux m'empêcher de danser sur une chanson joyeuse, de la même manière que je fonds en larmes sur une chanson triste, sans avoir besoin d'être triste ou mal dans ma peau ou que sais-je. Et souvent, ça va être l'inverse - je vais fondre en larmes d'amour sur une chanson qui n'est pas triste, ou d'émotions positives pendant ou après un concert festif. Je peux pleurer la mort d'un personnage pendant de très longues heures, et à l'inverse, je peux être surexcitée face à la bataille finale d'un jeu vidéo ou face à une situation dans laquelle est mon personnage préféré, ou bien encore je peux m'émerveiller jusqu'aux larmes devant un paysage. Par ailleurs, je suis en incapacité de voir une scène de violence réaliste, ce qui fait que j'évite de nombreux films ou jeux vidéos. Si une telle scène me prend par surprise, je peux en ressentir un réel traumatisme pendant une certaine période. Et quand je suis énervée, je suis vraiment énervée.
Toutes mes émotions, quelles qu'elles soient, sont amplifiées par dix.
Et je suis facilement submergée par ces émotions tant positives que négatives, ce qui me mène pleurer très facilement et très souvent.
Et je suis facilement submergée par ces émotions tant positives que négatives, ce qui me mène pleurer très facilement et très souvent.
Je ne sais pas si je l'ai bien retranscrit dans cette explication, mais j'insiste sur le fait que ces émotions et réactions sont intenses. L'hypersensibilité, ce n'est pas de simplement pleurer devant un film ou ressentir des émotions fortes ici et là ; l'hypersensibilité c'est ressentir des émotions intenses et les manifester par des réactions très fortes voire extrêmes, pour plein de raisons différentes, tout au long de sa vie.
L’absorption et l'empathie
Au croisement entre l'émotionnel et le relationnel, il y a l'empathie.
J'absorbe les émotions des gens, que ce soit des proches, des inconnus ou des personnages fictifs. S'ils sont heureux je le suis aussi, s'ils sont en peine je le suis aussi. Je peux pleurer de joie à la simple pensée d'un couple heureux, et les "témoignages poignants" sont difficiles à voir. Il m'est aussi très facile de déceler le moindre changement d'humeur des gens et je suis facilement consciente des changements très subtils dans le ton ou l'expression.
L’absorption et l'empathie
Au croisement entre l'émotionnel et le relationnel, il y a l'empathie.
J'absorbe les émotions des gens, que ce soit des proches, des inconnus ou des personnages fictifs. S'ils sont heureux je le suis aussi, s'ils sont en peine je le suis aussi. Je peux pleurer de joie à la simple pensée d'un couple heureux, et les "témoignages poignants" sont difficiles à voir. Il m'est aussi très facile de déceler le moindre changement d'humeur des gens et je suis facilement consciente des changements très subtils dans le ton ou l'expression.
Encore une fois, j'insiste sur le fait que n'importe quel humain peut ressentir tout cela, mais pour un HSP c'est extrême, incontrôlable et systématique.
PHYSIQUE
La sensibilité des sens
Je baisse la luminosité du téléphone que mon partenaire avait mise au maximum pour lui. Sur mon téléphone ou mon ordinateur, je change la luminosité autant de fois que je juge nécessaire, en fonction des moindres changements dans la luminosité générale de mon environnement. Dans la même lignée, j'ai vite mal aux yeux face au soleil, même s'il est caché, et quand j'étais à la fac je préférais passer du temps au cinquième étage, car sa peinture rouge m'agressait moins les yeux que la peinture jaune de l'étage du dessous.
Les bruits de mastication m'horripilent, entendre un battement de coeur me met très mal à l'aise, le son d'une sirène m'est difficile à supporter sans me boucher les oreilles et le simple tintement d'un couvert rangé sans délicatesse me fait littéralement mal aux oreilles. Je déteste aussi les endroits bruyants de façon non nécessaire (alors que j'adore les concerts, mais là le bruit est logique, et je pense que le supporte bien mieux que d'autres car la musique est ma plus grande passion - mais jamais sans mes bouchons d'oreilles). Je demande très souvent à mon entourage de parler moins fort, et quand je dois baisser ou monter le son, je m'y reprends à plusieurs fois jusqu'à trouver le volume parfait.
Je baisse la luminosité du téléphone que mon partenaire avait mise au maximum pour lui. Sur mon téléphone ou mon ordinateur, je change la luminosité autant de fois que je juge nécessaire, en fonction des moindres changements dans la luminosité générale de mon environnement. Dans la même lignée, j'ai vite mal aux yeux face au soleil, même s'il est caché, et quand j'étais à la fac je préférais passer du temps au cinquième étage, car sa peinture rouge m'agressait moins les yeux que la peinture jaune de l'étage du dessous.
Les bruits de mastication m'horripilent, entendre un battement de coeur me met très mal à l'aise, le son d'une sirène m'est difficile à supporter sans me boucher les oreilles et le simple tintement d'un couvert rangé sans délicatesse me fait littéralement mal aux oreilles. Je déteste aussi les endroits bruyants de façon non nécessaire (alors que j'adore les concerts, mais là le bruit est logique, et je pense que le supporte bien mieux que d'autres car la musique est ma plus grande passion - mais jamais sans mes bouchons d'oreilles). Je demande très souvent à mon entourage de parler moins fort, et quand je dois baisser ou monter le son, je m'y reprends à plusieurs fois jusqu'à trouver le volume parfait.
Les salles de concert et de cinéma, les rues ou restaurants bondées, les manifestations, les portes claquées, les aspirateurs sont des choses que les hypersensibles évitent dans la mesure du possible.
Ma tolérance au sucré et au salé est très faible comparé aux non-hypersensibles. De même, je ne sais pas pour moi car je n'en consomme pas, mais la plupart des hypersensibles ont une faible tolérance à la caféine et à l'alcool.
Je ne peux pas jouer à certains jeux vidéos (comme Overwatch ou Ghostrunner) car leur mouvements brusques, leurs lumières, leurs couleurs et effets visuels me donnent mal à la tête, me donnent la nausée ou bien je n'arrive tout simplement pas à assimiler suffisamment rapidement le grand nombre d'informations et d'actions qui se déroulent.
Au niveau olfactif, je ne supporte pas l'odeur de la cigarette, du cannabis ou de parfums forts, et à l'inverse, je suis positivement sensible à la parfumerie subtile, aux encens ou bien à l'odeur de la pluie ou d'une forêt.
Au niveau olfactif, je ne supporte pas l'odeur de la cigarette, du cannabis ou de parfums forts, et à l'inverse, je suis positivement sensible à la parfumerie subtile, aux encens ou bien à l'odeur de la pluie ou d'une forêt.
Tout cela mène à des maux de têtes fréquents et une fatigue facilitée dès que je sors dehors. Et que ce soit en pleine ville ou à la maison, pour bloquer les stimuli sonores qui nuisent à ma concentration ou à mon bien-être, des bouchons d'oreilles me sont indispensables.
Dans ma bulle
Quand on entre dans ma chambre sans que je ne le vois, ou quand j'entends ma porte s'ouvrir, je sursaute quasi systématiquement. Non, je n'étais pas en train de bosser sur un projet top secret : c'est juste un réflexe. Ce n'est pas de la peur. Je pense que c'est parce que je suis si concentrée sur ce que je fais qu'un quelconque stimulus extérieur me fait sursauter, puisqu'il me fait soudainement sortir de ma bulle, de ma concentration. Les sursauts interviennent également pour d'autres stimuli, tels que par exemple un cri soudain dans le voisinage, un mouvement brusque dans mon champs de vision ou une sonnette dans un film.
De la même manière, j'ai besoin de travailler dans un espace clos. Ma chambre est toujours fermée, et face à la grande bibliothèque universitaire je préfère m'isoler dans une petite salle de cours. Dans le monde du travail, on préférera largement les bureaux individuels et clos aux open space. Pour un hypersensible, être à l'aise, concentré ou productif dans un espace large et/ou rempli de monde n'est pas facile.
Le mental fatigue le physique
Un conflit quelconque, en face à face ou via un écran et même s'il ne me concerne même pas, va très rapidement faire monter mon rythme cardiaque, me donner chaud, bref, me faire paniquer.
Le mental fatigue le physique
Un conflit quelconque, en face à face ou via un écran et même s'il ne me concerne même pas, va très rapidement faire monter mon rythme cardiaque, me donner chaud, bref, me faire paniquer.
J'ai aussi besoin de solitude. Non pas parce que je veux jouer les gothiques trop dark ou les pseudo-misanthropes, mais parce que j'en ai besoin. Après une journée avec des gens, j'ai ce besoin physique de me reposer mentalement. Ca peut être également le cas après un simple passage à la poste, pendant lequel le mélange entre les gens, les bruits, les odeurs, le bus, le vent, la musique, le soleil, l'impatience etc donnent lieu à ce qu'on appelle l'hyperstimulation, une sorte de burn-out complet qui peut se solder par une crise de colère, une crise de panique ou plus simplement par un besoin intense et urgent d'être au calme.
Je dois être seule pour me recharger, parfois dans le silence et le noir complet, parfois devant mon ordi en faisant quelques petites choses, mais dans tous les cas, toujours avec mon thé, et seule, au calme.
POUR RÉSUMER
Pour résumer, être hypersensible, c'est avoir une sensibilité émotionnelle, psychologique et physique bien plus haute que la normale, ce qui mène souvent à des réactions fortes voire extrêmes. Les personnes hypersensibles ne sont pas bizarres, capricieuses ou hautaines. Elles vivent juste leurs émotions dix fois plus fort que les autres et sont globalement plus sensibles que la normale.
J'espère que par le biais de ce témoignage vous comprenez mieux ce phénomène, et j'espère qu'ainsi les personnes concernées - dont moi-même - seront mieux comprises.
J'espère que par le biais de ce témoignage vous comprenez mieux ce phénomène, et j'espère qu'ainsi les personnes concernées - dont moi-même - seront mieux comprises.
Être hypersensible, ça a son énorme lot de mauvais côtés. Ce n'est pas facile. C'est épuisant.
Beaucoup d'hypersensibles détestent ce trait et rêvent d'une vie ordinaire. Moi aussi, parfois. Mais j'ai cette chance d'avoir réussi, au cours de ma vie et grâce à mes nombreuses expériences annexes (le fait d'être gothique, le fait d'avoir une taille atypiquement petite, le harcèlement scolaire, les extrêmes divergences familiales) à traiter mon hypersensibilité comme un de mes autres traits qui font que je suis moi.
Être hypersensible me fait vivre d'une façon très intense. Et je n'ai qu'une vie, et je veux en profiter un maximum - alors, même si je le pouvais, c'est pour rien au monde que je ne changerais ce trait de mon caractère. Ca fait partie de moi - pour le meilleur comme pour le pire.
--------------------
Octobre 2020
Avis sur Hypersensibles : mieux se comprendre pour mieux s'accepter d'Elaine N. Aron, psychothérapeute pionnière du domaine.
- Très utile si vous venez de découvrir que vous êtes hypersensible ou que vous le savez depuis longtemps mais n'avez pas encore beaucoup de connaissances
- Peu utile si vous avez déjà parcouru internet en long et en large ou si vous avez bien compris cet article
- Peu utile si vous n'êtes pas HSP mais que vous voulez découvrir. Un article de blog fera largement l'affaire pour découvrir le sujet, d'autant plus que ce livre s'adresse directement aux personnes concernées
- J'ai trouvé irresponsable que l'auteure présente à trois reprises des situations extrêmement violentes, sans aucun avertissement ! Quelle irresponsable ironie pour un livre destiné aux hypersensibles...
Globalement, ce livre est très bien structuré et est très accessible, il vous fournira toutes les connaissances nécessaires pour découvrir et comprendre votre hypersensibilité. Mais sinon, cf mes tirets et si vous avez trouvé mon article complet, vous pouvez peut-être passer votre chemin.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Un petit mot ?