Ce qui me plaît dans le gothique

Je me rends compte que je n'ai jamais écrit de petite présentation de ce qui me plaît dans la culture gothique. Après presque 10 ans de blogging et plus de 16 ans de gothisme, il serait temps que je verbalise ma passion. Voici donc mon témoignage hautement personnel de ce qui m'attire tant dans la culture gothique, même après toutes ces années. Une manière de fêter la longévité de ce blog et de ma passion, mais surtout une lettre d'amour à cette culture, à sa richesse et à tout ce qu'elle m'apporte.



L'ESTHTÉTIQUE


J'ai toujours eu un rapport très abstrait à mes goûts vestimentaires et plus généralement esthétiques. "Les goûts et les couleurs ne se discutent pas" n'a jamais été aussi vrai. J'aime m'habiller comme je m'habille, tout en noir, avec plein d'éléments différents. J'aime que mon maquillage soit un mur de noir. Pourquoi j'aime ça ? Parce que. Ni plus ni moins. Une partie des goths aiment l'aspect spooky, flippant, étrange, rebelle voire macabre de cette esthétique. Perso je n'ai jamais pensé à ça de cette manière, je suis très déconnectée de cette vision. Je l'ai toujours trouvée belle, attirante, géniale à voir et à porter, mais je ne l'ai jamais liée à une expressivité flippante ou macabre. Non, l'esthétique goth me parle car elle me parle, c'est tout. De manière très profonde, innée, abstraite, instinctive. Vous voyez la mentalité "l'art pour l'art", le fait d'écrire de la poésie sans aucun autre but d'exister et que ce soit joli, sans y attribuer un quelconque message ou symbolisme ? Bah je pense pareil de mon esthétique vestimentaire goth.

Et avec cette esthétique, je m'amuse, je crée, j'assemble. Je m'approprie ses codes. Je prends un élément d'une tenue pour en faire une tenue différente, je multiplie les accessoires, je varie les formes, les textures, les longueurs. Je joue avec la symétrie et l'assymétrie. J'adapte aux saisons. Robes et jupes longues et courtes, t-shirts de groupes, hauts neutres, résille, jeans basiques ou pantalons en vinyl, vestes en cuir ou longs gilets. Et j'en passe. Du minimalisme au maximalisme, du super simple et décontracté au détaillé et giga stylé, en passant par tout ce qu'il a entre les deux. Soigneusement pensé et travaillé pendant des heures ou concocté cinq minutes avant de sortir. Avec ou sans maquillage, avec ou sans mes lunettes. Sans même parler des différentes branches : je suis casual et trad la plupart du temps, mais romantique à inspiration victorienne quand l'occasion se présente, et j'ai eu l'occasion de m'amuser avec du cyber et du médiéval aussi.

Mon style vestimentaire est intimement lié à la musique. En plus de ma collection de t-shirts à l'effigie de mes groupes préférés, la plupart de mes tenues sont inspirées, volontairement ou non, subtilement ou non, par la musique. Certains groupes m'inspirent des tenues à base de longues robes en velours et corsets, tandis que d'autres m'inspirent des pantalons en vinyl et des accessoires remplis de chaînes. J'ai également directement volé des éléments esthétiques à certains musiciens après être tombée amoureuse de ces idées qui ne m'avaient pas encore traversé l'esprit. Tiens d'ailleurs ça sera mon prochain sujet ! 

Même en achetant de nouveaux vêtements que très rarement, les possibilités sont infinies. Je m'habille également en métalleuse et ce que j'appelle psychédélique sombre (cf mes styles vestimentaires), mais c'est de très loin le gothique qui est le centre de ma créativité vestimentaire. Ci-dessous, petit échantillon de mes tenues préférées de cette année (avec une petite exception d'il y a trois ans).




LES THÉMATHIQUES


Croyez-le ou non, je n'aime pas du tout Halloween et je ne crois ni ne souhaite croire à aucune forme de religion, de paranormal, d'occultisme ou de pseudoscience. Par contre j'adore les vampires, les cimetières, les roses fanées, la nuit, le brouillard, les trucs pseudo-mystiques fictifs, l'introspection, la solitude, les ténèbres, la poésie, le macabre, le rêve d'immortalité d'un côté et l'acceptation de la mortalité de l'autre... Je ne suis pas du tout fan d'histoires d'amour, mais mettez-moi une romance sombre, mystérieuse et intense, et je suis aux anges. J'adore quand ces thématiques sont traitées dans ma musique (et plus largement dans l'art tout court), souvent de manière exagérée, ce qui créé une sorte de compréhension mutuelle et tacite entre l'artiste et l'auditeur. Bien entendu il y a un paquet de chansons sérieuses, réellement tristes ou lourdes, mais ça c'est comme n'importe où ailleurs. C'est pour ça que je veux m'attarder sur ces histoires ténébreuses qui sont à la fois sérieuses, car on aime vraiment ça, et pas sérieuses, car c'est évidemment surjoué et irréaliste. C'est parfois même fait avec un second degré évident. Il y a une sorte d'espiéglerie, de jeu avec la narration et l'identité que je ne retrouve dans aucun autre courant musical que j'écoute, en dehors de certaines branches spécifiques du metal. 


LA MUSIQUE

La musique gothique, en plus d'être d'une richesse inouïe, possède un magnétisme particulièrement unique. Chaque nouveau groupe que je découvre procure des sentiments à la fois nouveaux et familiers. La musique goth est réconfortante, elle me fait sourire, danser, vibrer, frissonner. 

La musique goth est à la fois minimaliste et maximaliste et j'adore tant cette dualité. Entre les titres qui ne ne cessent de me faire danser et chanter et les titres qui me transportent dans leurs histoires narratives ou leurs paysages sonores atmosphériques. La mise en avant de la guitare basse, utilisée non pas comme un accompagnement mais comme un instrument principal, me fait complètement planer et me remplit de joie, je me noie dans ces sonorités profondes à la texture irremplaçable. Je ne vais même pas essayer de décrire mes sentiments pour les mélodies aux guitares et au synthé, c'est juste trop compliqué. La batterie, généralement une drum machine minimaliste, a une sonorité très stable au sein de toute la musique, ce qui crée un sentiment de rythme et de familiarité. Au niveau des paroles, j'adore les thématiques variées allant du cliché au surprenant.

J'adore le fait qu'il n'y ait presque pas de styles de chant conventionnel, et qui sont des styles que je ne retrouve nulle part ailleurs. J'adore l'expressivité grandiloquente et théâtrale, remplie d'énergie dramatique, et j'adore son opposé avec des voix dont l'expressivité est contenue, des voix minimales, profondes, caverneuses, presque monotones, d'une éthéréalité tournée vers l'intérieur. Je suis particulièrement sensible à cette deuxième catégorie, qui comporte des voix qui m'obsèdent, me hantent, me foutent des frissons, m'hypnotisent, me fascinent.

Et puis, les langues. Je suis une grosse nerd des langues, étant bilingue de naissance puis polyglotte par passion. Ma musique goth comprend anglais, français, allemand, espagnol, polonais, grec, turc, biélorusse, tchèque, islandais. Oui, c'est vrai que mes autres genres musicaux, en particulier le metal, me donnent des langues que je n'ai pas (encore) dans mon goth : russe, japonais, finnois, suédois, norvégien, danois, féroïen, vieux norrois. Mais il n'y a que dans le goth que je trouve très fréquemment des chansons voire des discographies entières qui sont bilingues voire multilingues, et ça fait sérieusement une grande différence. Les langues sont ici des outils créatifs à part entière. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

J'adore également les éléments récurrent de la musique goth comme la reverb, qui me donne la sublime sensation de me noyer dans mes voix préférées, ainsi que les structures qui s'écartent du classique couplet-refrain et une répétitivité volontaire qui est hypnotisante, parfois même ritualiste, allant jusqu'à créer un effet de transe qui flirte avec le psychédélisme.

Un petit point sur les clips. Je ne suis pas fan des clips, je trouve que, peu importe le genre musical, c'est un concept superflu dont l'existence m'est indifférente. Si je trouve ça inutile, c'est parce que je suis là pour la musique et rien d'autre, mais aussi parce que la plupart des clips montrent juste le groupe en train de faire son playback et pis c'est tout. Dans un hangar, dans une forêt ou une sur une plage, avec ou sans effets visuels, peu importe comment on tourne ça le résultat revient toujours au même. Sauf dans le goth. Y'a plein de clips goth que je n'ai pas vus, parce que dans l'ensemble ça m'intéresse toujours pas trop, mais il est indéniable que c'est ici qu'on produit les clips qui me plaisent le plus : narratifs, décalés, détaillés, esthétiques, surprenants, un peu bizarres, souvent très lo-fi, DIY, amateur. Les nouveaux clips de certains groupes me sont mêmes incontournables, chose que je ne retrouve presque nulle part ailleurs. 


Ce que je ressens pour la musique gothique est super compliqué à expliquer, car je pense que, plus que chez n'importe quel autre genre musical à l'exception peut-être du metal, je le vis bien plus avec mes sentiments abstraits qu'avec mon intellect cohérent. La musique goth me fait ressentir un truc très profond et abstrait, mystérieux, insaisissable, mais terriblement puissant.


Impossible de parler de musique goth sans faire l'éloge de quelques groupes (promis juré je me limite), alors :

Twin Tribes | Cette voix aussi profonde et monotone que mélodieuse et envoûtante, complimentée par une reverb fréquente et de superbes backing vocals, ces textes alliant occultisme, science-fiction, mort et sombres romances, cet équilibre parfait entre synthés et guitares, avec une basse superbement mise en avant. 4 ans et un concert inoubliable plus tard, ils m'obsèdent mille fois plus qu'au premier jour. C'est absolument tout ce que j'aime.

She Past Away | Leur poésie minimaliste en turc, chantée voire même dite de manière presque monotone sur des synthés hypnotisants, sonne comme un rituel perpétuel dont, 8 ans plus tard, je ne souhaite pas me réveiller. Tout simplement rien à dire, ils sont topissimes en album comme sur scène, la crème de la crème, indétrônables. Vivement mon 6ème concert, mon dieu, vivement.

Selofan | Aussi minimaliste que maximaliste, aussi entraînant qu'étrange, aussi froid que déjanté, aussi grec qu'allemand qu'espagnol qu'anglais, malgré un dernier album décevant je ne cesse d'être passionnée par leur univers inimitable et délicieusement chaotique.

NNHMN (Non Human) | Leur darkwave infusée de techno, si profonde et expressive, hypnotisante et excentrique. Je les écoute au moment d'écrire ça et je n'arrive pas à avoir de mots cohérents pour décrire l'expérience qu'est ce groupe, ça me fait un truc puissant tant physique que mental, c'est juste fou.

Diva Destruction | Ma goth fatale n'est pas Siouxsie. J'avais 11 ans lorsque j'ai découvert ce groupe. J'en ai maintenant 26, et je pense toujours que Diva Destruction porte son nom à merveille : leur leadeuse est une véritable diva de l'obscurité, produisant une musique qui a un charisme phénoménal même après toute une vie d'écoute. 


Pour plus de recommendations, rendez-vous sur ma liste de groupes gothiques


Mon amour pour la musique gothique se manifeste également à travers tout ce qui l'entoure.


Les concerts. J'aime les concerts de tout mon être. Être au premier rang, prendre quelques photos et vidéos, si possible me procurer la setlist ou d'autres souvenirs comme les drumsticks et médiators, ou l'une des roses que Joanna de Selofan offre au public à chaque concert et que je n'ai pas encore chopée après 4 fois. Et surtout, sentir toute l'énergie, tant musicale qu'humaine. Tous mes concerts peu importe le style sont des moments d'une importance extrême pour moi. Les concerts goth ont une couche en plus, celle d'une communion socio-culturelle au travers de la complicité identitaire partagée avec les musiciens et d'un public qui comprend mon amour pour cet artiste en particulier mais aussi pour la culture gothique dans son ensemble. (cf mes vidéos de concerts goth)

De plus, la petitesse de cette culture rend la plupart des artistes tellement accessibles, c'est fou et tellement, tellement bien ! Tu peux au calme prendre des photos avec des pionniers de la culture, tu peux acheter ton merch directement auprès d'eux, ils se produisent dans des salles petites (environ 1 000 places) voire toutes petites (souvent 150 à 400) qui confèrent au concert une ambiance intimiste et chaleureuse. Les interactions en ligne sont également très fréquentes : les artistes likent, commentent et partagent très souvent les posts des fans. Parfois ces interactions sont même surprenantes : aujourd'hui j'ai NNHMN qui viennent de débarquer à l'improviste total sur mon profil, sans aucune raison, sérieux je sais pas d'où ils sortent, et ils ont liké un post où je m'exstasie de voir Ash Code et Twin Tribes sur la même photo... c'est à la fois embarrassant et trop, trop bien.

À ce sujet, j'adore l'interconnexion culturelle qu'il peut y avoir entre les gens lambda et les artistes, et entre les artistes eux-mêmes. Un label m'a offert tout un album d'un groupe que je ne connaissais pas du tout pour accompagner mon achat de la discographie d'un autre groupe. Bon, j'ai pas aimé l'album, mais j'ai adoré le geste. Avant de commencer, Twin Tribes étaient de grands fans de She Past Away et Lebanon Hanover, tout comme moi, et rêvaient de travailler avec eux, ce qui est maintenant chose faite. Quant à Ash Code, She Past Away leur a demandé de faire leur première partie alors qu'ils n'avaient même pas encore de premier album. Pendant les confinements, les groupes se faisaient mutuellement de la pub pour des concerts et DJ sets en streaming. Et ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres. Remix, mixing, mastering, artwork des albums, photographie, design du merch, ingé sons et lumières et j'en passe, les artistes s'aident entre eux sur plein de domaines. 

Malgré sa diversité et une augmentation notable de nouveaux groupes ces dernières années, la musique gothique reste une toute petite niche. Alors au-delà des simples influences, beaucoup de collaborations et de recommandations ont eu lieu, et beaucoup d'amitiés se sont créées entre différents groupes, même entre des petits nouveaux et de vieux pionniers, ainsi qu'entre les différents labels, designers, photographes et autres acteurs de la scène. Tout est rempli de générosité, de passion et d'humanisme. J'ai (bien heureusement !) déjà vu ça ailleurs, mais certainement pas à ce niveau-là.



Quelques souvenirs de concerts goth : photos de et avec Twin Tribes, Clan of Xymox, Ash Code, She Past Away, Selofan, Diavol Strâin


J'écoute ma musique principalement par artiste et album, mais j'adore gérer ma gigantesque playlist, qui sert de vitrine, de résumé de mes goûts. J'adore choisir quoi y mettre, soigneusement réfléchir à l'ordre des pistes, alterner entre les branches axées guitares et celles axées électronique, entre les pistes minimalistes et maximalistes, les pistes dansantes et atmosphériques, les groupes pionniers et cultes et ceux qui sont modernes ou peu connus.

J'adore avoir ma collection de CDs, que j'aime d'ailleurs lister sur myrecordlist.com et prendre en photo pour mon compte Instagram dédié. J'adore cet aspect tangible de la musique, qui me mène notamment à avoir quelques CDs vieux et rares, parfois dédicacés, parfois envoyés directement par l'artiste lui-même. Il est vrai que ce point n'est pas exclusif au goth, mais force est de constater que les CDs que j'utilise le plus sont, d'assez loin, justement mes albums goth.

J'adore danser dans mon salon avec ma tasse de thé dans la main. J'adore danser pendant sept heures d'afilée en boîte de nuit, habillée super bien, entourée de fausse fumée et de patchouli, de mon conjoint et mes deux amies. J'ai des vidéos de moi datant de novembre 2014, il y a pile 10 ans, où je profite de l'absence de ma mère pour danser devant ma webcam, habillée de mes seuls vêtements noirs de l'époque. C'était une période difficile sur plein de plans, y compris sur le thème de mon identité gothique que je n'avais pas le droit d'exprimer. Alors ces moments-là, où je m'amuse sincèrement et où je vis ma passion à fond malgré les interdits, étaient extrêmement précieux. Ces interdits n'existent plus depuis que j'ai quitté le domicile familial, mais mon euphorie de danser sur ma musique préférée reste inchangée.

Et quand je dis "danser", je veux dire que bouger mon corps de manière instinctive et sans règles définies fait partie de moi depuis l'enfance et je le fais sur tous mes genres musicaux, mais la musique gothique m'évoque son style de danse bien à lui que je ne retrouve nulle part ailleurs. Mes mouvements sont à la fois improvisés et calculés, dans le sens où une certaine musique va provoquer certains types de mouvements en particulier. La musique à dominance électronique m'inspire une danse fluide et dramatique où les grands mouvements de bras jouent un rôle prépondérant, tandis que la musique à dominance guitare m'inspire des gestes plus saccadés et plus axés sur le mouvement des jambes. Et bien sûr il y a tout ce qu'il a entre les deux, dont le classique two-step, qui va bien avec tout et qui consiste à se balancer d'une jambe à l'autre. Pour les pistes les plus atmosphériques ou minimalistes, mes mouvements sont moins grands et j'ai tendance à baisser la tête pour faire de mes cheveux un voile sombre qui me coupe du monde extérieur.

Un petit point annexe à la musique mais néanmoins notable : l'attrait visuel des artistes. Mes autres scènes musicales sont dominées par des looks non-goth, même dans le metal il faut chercher du côté spécifique du death/doom pour trouver des musiciens lookés d'une manière qui me plaît. Alors quand je vois mes groupes produire de la musique que j'aime en étant habillés d'une manière que j'aime, ça ne fait que renforcer les étoiles dans mes yeux.


LA COMMUNAUTÉ


Si les concerts sont au coeur de n'importe quel genre musical, certaines pratiques communautaires sont plutôt uniques à la culture goth. En tous cas, de mon côté je n'en ai fait l'expérience que dans ce contexte. Aller les uns chez les autres pour se préparer avant une soirée, faire la tournée des cimetières et des boutiques spécialisées, se prêter ou donner des vêtements et accessoires, se recommander de la musique y compris des trouvailles pas du tout connues, parler d'actualités, s'extasier sur la beauté d'un nouveau clip ou la qualité d'un nouvel album... C'est également ici que je me suis fait mes deux amies, l'une à un concert, l'autre deux jours plus tard à la fac car je portais un tshirt acheté à ce concert.

Côté online, ça fait presque 10 ans que je suis active en tant que Neph, blogueuse et pseudo-artiste. Presque 10 ans à utiliser Instagram pour poster des photos de mes tenues, créer des photos un peu artistiques pour le fun toute seule dans ma chambre, partager ma musique préférée, mes événements goth, et un peu de ma vie quotidienne au passage, et observer l'expérience d'autres goths aux quatre coins du monde. Presque 10 ans à écrire sur ce blog pour mieux faire comprendre la culture gothique, partager mon expérience personnelle et mes découvertes musicales - quelque chose que je fais depuis bien plus longtemps encore sur d'autres coins du net, des forums que j'ai créés moi-même il y a 15 ans au commentaire que je viens d'écrire à l'instant pour guider un redditeur un peu perdu.



QUELLE DIFFÉRENCE ?


J'ai parlé des éléments qui distinguent clairement la culture et la musique gothique dans leur ensemble de mes autres univers, mais j'aimerais maintenant déterminer quelle est la différence émotionnelle. La musique gothique me fait vibrer et me sentir bien, mais c'est tout aussi vrai pour n'importe quel autre genre, univers et artiste que j'écoute. Là tout de suite je suis autant obsédée par Twin Tribes que par Rüfüs Du Sol, je peux switcher de l'un à l'autre et m'extasier dessus de manière presque identique, alors que ces deux groupes n'ont vraiment rien en commun et proviennent de deux univers très différents voire opposés. Alors, au fond, quelle différence ? En dehors des éléments factuels, dont une partie qu'on retrouve de toute façon ailleurs, qu'est-ce qui fait cette différence émotionnelle, qu'est-ce qui fait que c'est tout aussi intense en étant résolument différent ?

De toutes les parties de cet article, c'est celle-ci qui m'a demandé le plus de réflexion. Je ne souhaite pas intellectualiser mes goûts à outrance, même si, pour paraphraser Carl Sagan, en savoir un peu plus sur les couchers de soleil n'enlèvent rien à leur beauté. Je souhaite simplement poser quelques mots sur ce ressenti très abstrait qui m'habite depuis 16 ans d'affilée. Sauf que s'il m'aura fallu presque 10 ans de blogging pour simplement remarquer que je n'avais jamais verbalisé le pourquoi du comment de mon amour du goth, c'est peut-être bien parce qu'il est impossible de le verbaliser. En tous cas pas entièrement. 

Mon incapacité à comprendre mes sentiments se voit dans mes présentations de groupes et reviews d'albums : c'est toujours pour le goth que j'écris le moins. Exemples parmi d'autres : "je n'ai que peu de choses à dire car je pense que cet album une saura mieux parler de lui-même que moi" ; "je n'ai pas grand-chose à dire de plus, parce qu'une écoute vaut bien mieux que des mots". Quand j'ai quelque chose de plus détaillé, mes descriptions restent surtout factuelles. Les rares fois où je n'aime pas un album, je vais dire qu'il est "fade, sans âme".

Plus que d'être simplement subjective, ma façon de traiter de la musique goth est abstraite, tournée vers des sentiments intérieurs inexplicables. Et ça, c'est inhabituel pour moi : l'écriture est toute ma vie, et comme le prouve ce blog, je suis très capable de pondre des pages entières sur un même groupe voire album. Mais pas pour le goth.

Et c'est peut-être justement cette qualité insaisissable, élusive, mystérieuse, indéfinissable, presque mystique, qui rend le gothique si différent de mes autres univers, même quand ceux-ci me procurent un niveau de bonheur tout à fait comparable. Le gothique ne traite pas tant que ça de sentiments viscéraux et profonds, mais ma réaction, elle, l'est exactement.


POUR CONCLURE

Le mot "théâtral" revient souvent dans ma perception des différents aspects de la culture gothique. À l'extérieur je suis réservée et calme, mais à l'intérieur je bouillonne de passion, d'énergie, d'idées, et surtout d'expressivité. Qu'il s'agisse de sa musique, de son esthétique vestimentaire ou de ses thématiques qui traversent diverses formes d'art, la culture gothique est profondément expressive. Elle a une identité très marquée, exubérante, incorrigible, flamboyante, sans compromis. Comme moi. L'acceptation et l'expression radicale de soi-même, est, de pair avec une ouverture d'esprit radicale, au centre de ma philosophie de vie personnelle. On retrouve ça chez moi depuis toute petite et peu importe le sujet, et c'est vrai qu'on retrouve cet aspect dans mes autres genres musicaux, mais s'il y en a bien un en particulier qui en est le meilleur reflet, c'est bien la culture gothique. 

Quand j'écoute ma musique goth, quand je suis bien lookée, je me sens vivre. J'aime la culture gothique parce que, même 16 ans plus tard, elle est source de beauté, de réconfort, de frissons, d'immersion, de fascination, de joie intense. Et pas de manière nostalgique hein, loiiiiin de là. Non, j'aime le gothique de manière complètement active, ancrée dans le moment présent, avec mon âge actuel et mon identité d'adulte qui est à quatre ans de la trentaine. 

Une grande partie de ce que je viens de dire s'applique aussi aux autres genres musicaux que j'écoute et sous-cultures auxquelles j'appartiens. Mais en même temps, non. Le goth est complètement à part, incomparable à tout ce que j'aime d'autre.

À la question "qu'est-ce qui me plaît dans le gothique", la réponse est double : d'une part, la liste de toutes les caractéristiques uniques que j'y trouve et que j'ai exposées tout au long de cet article, mais d'autre part, au-delà de ces points factuels, un sentiment profond et inexplicable. J'aime le gothique parce que ça et ça et ça, mais aussi parce que je ne sais pas. Surtout en ce qui concerne l'esthétique et la musique.

Pour l'esthétique, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Pour la musique, comme l'a si bien dit le pas du tout goth Marko Saaresto de Poets of the Fall, 

"au final, je pense que la musique ce n'est pas quelque chose qu'on intellectualise, c'est quelque chose qu'on ressent".





Petit PS transmis par mon chat : 
oçire=$=$=$=$=$=$=$=$ 

Commentaires

  1. Merci pour ce long article explicatif! Je me retrouve dans tes mots et le fait que c'est dur de définir le comment du pourquoi on aime ce style/courant. Par ailleurs, Internet manque de blogs comme le tien.
    Merci.

    Lily

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