24 Hour Party People

Bonjour tout le monde ! J'aimerais vous présenter un film qui, je pense, a plus sa place sur ce blog que beaucoup d'autre articles que j'ai pu écrire !

J'ai nommé 24 Hour Party People. Il s'agit d'un biopic anglais réalisé en 2002 par Michael Winterbottom. Le film traite de la scène musicale de Manchester entre 1977 et 1997, ère surnommée Madchester. Il s'agit donc de toute une génération d'artistes que l'on va suivre durant le film, en assistant au développement de la scène post-punk.

24 HOUR PARTY PEOPLE

Le film s'articule autour de Tony Wilson, qui est le narrateur et le personnage central. Simple présentateur télé, la scène musicale populaire l'ennuie à mourir. Un beau jour, en 1976, il assiste à un concert des Sex Pistols, alors inconnus. À peine quarante personnes dans la salle, et pourtant cela va donner naissance à toute une période qui va révolutionner et marquer l'Histoire de la musique. Séduit par leur concert, Wilson fonde en 1978 son propre label, Factory Records, afin de faire vivre des groupes nouveaux, dans un style encore jamais vu. Cofondé par Alan Erasmus et accompagné de Martin Hannett comme producteur, il prendra en particulier sous son aile des groupes comme Joy Division, A Certain Ratio, les Happy Mondays, Buzzcocks puis New Order. Le film montre donc la naissance et le développement de la scène post-punk de Manchester, qui marquera celle du monde entier.

Joy Division - Ian Curtis (interprété par Sean Harris), Stephen Morris (Tim Horrocks), Bernard Sumner (John Simm), Peter Hook (Ralf Little)

Des enregistrements au studio jusqu'aux concerts au club Factory, puis au club FAC51 - The Haçienda, le film montre, dans un humour British omniprésent, les conditions de la création musicale des groupes ainsi que la naissance de la culture rave et du clubbing. Le film se focalise entre autres sur l'aspect technique et financier de la chose : malgré un succès retentissant, le label et le club n'apportent que peu de bénéfices. L'importante consommation de drogue, notamment d'ecstasy, est également  une question centrale.

Ce film est construit d'une façon bien originale. En effet, visuellement, il s'agit d'un mélange entre une façon de filmer professionnelle et une autre type vlog ou vidéos personnelles que l'on peut typiquement retrouver dans des making-off. Certains passages scéniques sont reconstitués, mais d'autres sont de réelles archives ! Par ailleurs, le quatrième mur est régulièrement brisé par le narrateur, et il y a une vingtaine de caméos, dont ceux des réels protagonistes. Enfin, le film est ouvertement un mélange de faits réels, de légendes urbaines, de rumeurs et de fantaisies. Ce fait est clairement revendiqué, et est dès le départ évident à l'écran, notamment à travers de nombreuses scènes humoristiques presque surréalistes. Tony Wilson (le vrai) a déclaré à ce sujet que "tout est vrai, tout est faux, ce n'est pas un putain de documentaire".

Tony Wilson (Steve Coogan), Lindsay Wilson (Shirley Henderson) et Alan Erasmus (Lennie James) discutent avec le propriétaire des locaux de ce qui va devenir le premier club Factory (avant de laisser la place au Haçienda)

POURQUOI LE REGARDER ?

24 Hour Party People est un très bon film pour (re)découvrir la scène post-punk mancunienne de la fin des années 70. Pour faire simple, c'est un très bon film musical, qui traite de toute une période clé, voire culte ! Et pour cause : par exemple, rien que le single Blue Monday de New Order, sorti en 1983, est à l'heure actuelle LE 12" (maxi 45 tours) le plus vendu de l'Histoire de l'industrie musicale. 

C'est à cette époque que les fondements de la musique gothique ont été posés. Joy Division, que l'on considère très clairement comme un des groupes pionniers de la musique gothique, sont au centre du film. Après le tragique (et aujourd'hui historique et culte) suicide d'Ian Curtis, les membres de Joy Division sont devenus New Order, prenant peu à peu une autre direction musicale et élargissant ainsi le répertoire musical de l'ère, et donc du film. Si l'on s'intéresse aux débuts de la musique gothique (post-punk, goth rock, new wave), un film centré en grande partie sur Joy Division et New Order ne peut être qu'intéressant !

Par ailleurs, le film traitant de l'ère Madchester / Haçienda, il brasse des groupes dans des genres différents, aux histoires différentes et aux sonorités variées. On peut donc y (re)découvrir tout un large éventail de genres et d'artistes ! Et ce même quand ils ne sont pas centraux, ni même mentionnés : par moments, on voit un nom de groupe apparaître à l'écran, avec des images d'archives de concerts ayant réellement eu lieu, comme par exemple un de Siouxie and the Banshees (pionniers eux aussi de la musique gothique) et de bon nombre d'autres artistes.

En plus de la musique, le film traite de la naissance et de la gestion du club Haçienda, aujourd'hui historique, et qui a, lui, donné naissance à la culture rave et au clubbing tel qu'on le connaît de nos jours.

Une soirée au Haçienda (reconstitution du film)

Ce film est aussi intéressant du point de vue des problèmes d'argent et de drogues de cette époque et de ce contexte, sans non plus en faire tout un drame qui pourrait lasser le spectateur.

L'humour étant omniprésent, 24 Hour Party People est un très bon divertissement, parfois carrément loufoque et exagéré ! Entre les jurons incessants de tout le monde et en particulier du producteur, les effets des drogues, les commentaires du narrateur, les situation gênantes ou surréalistes, il s'agit d'un film très drôle à la British, comme il se doit ! 

24 Hour Party People est un très bon documentaire musical semi-fictionnel pour découvrir ou redécouvrir la naissance du post-punk au début des années 1980 à Manchester. Présentée dans un film à la construction très originale et à l'humour British omniprésent, la période Madchester / Haçienda est une période clé de l'Histoire de la musique, qui a donné naissance à des groupes aujourd'hui cultes, à de nouveaux genres musicaux ainsi qu'aux boîtes de nuit telles qu'on les conçoit aujourd'hui. Que l'on soit familier avec le post-punk et Madchester ou non, ce film est un must-see pour les mélomanes et pour les curieux en recherche de découverte musicale, historique et cinématographique, tout en passant un bon moment loin des documentaires barbants et scolaires.

POUR ALLER PLUS LOIN

Groupes gothiques de la même période (les pionniers, donc) : The Sisters of Mercy, Bauhaus, Siouxsie and the Banshees, The Cure...

Peter Hook, bassiste de Joy Division et New Order, ainsi que Bernard Sumner, guitariste de Joy Division et vocaliste de New Order, ont écrit quelques livres incontournables pour les fans comme pour les néophytes. Tony Wilson a lui aussi écrit un livre, qui reprend le film et ses mythes.

- The Haçienda : How not to run a club, Peter Hook, 2009

- Unknown Pleasures : Inside Joy Division, Peter Hook, 2013

- Substance : Inside New Order, Peter Hook, 2016

- Chapter and Verse - New Order, Joy Division and Me, Bernard Sumner, 2014
- 24 Hour Party People, Tony Wilson, 2002

Le film Control est un incontournable biopic sur Ian Curtis et Joy Division.


Scène coupée : New Order discutent de leur nom et de leur lineup suite au décès d'Ian Curtis

ANECDOTES

- Le Haçienda a été démoli en 2002, et des appartements ont été construits à la place, gardant le même nom en hommage. Pour le film, le club a été reconstitué dans un hangar.

- Il existe six guitares faites entre autres avec des morceaux du plancher du Haçienda.

- En 2010, Peter Hook a fondé dans les anciens bureaux de Factory Records un tout nouveau club, le FAC251. Il reprend ouvertement l'histoire du FAC51 Haçienda, ainsi que son but premier : faire vivre dans un club de trois étages la scène indie de Manchester, mêlant plusieurs genres musicaux, esprit rave et concerts. Le club est toujours ouvert et est très réputé parmi les étudiants mancuniens ! Site officiel du FAC521.

- En 2011, Peter Hook (encore) a fondé un groupe, Peter Hook & The Light. Ils reprennent tout simplement les chansons les plus connues de Joy Division et New Order ! Et je vais les voir le 28 octobre 2017 au Trianon, Paris !

- John Simm, acteur qui a interprété Bernard Sumner, a été invité sur scène aux côtés de la personne qu'il a incarné lorsque de New Order ont joué Digital, une chanson culte de Joy Division (pour le plaisir des yeux et des oreilles !). Il a également fait leur présentation (dans un discours passionné !) lors de la remise d'un award.

LE MOT PERSONNEL

Après un article sérieux, puisqu'il s'agit de mon blog personnel et que je ne suis pas une critique de films régulière ni professionnelle, j'aimerais ajouter quelques mots concernant mon approche personnelle au film. (Garanti sans spoilers néanmoins !)

Globalement, j'ai adoré le film (quelle surprise !). J'ai particulièrement apprécié la construction très originale et le quatrième mur qui se retrouve régulièrement brisé. Cela n'a néanmoins rien enlevé à l'immersion !

Je suis une fan de Joy Division de longue date, mais je ne connaissais strictement rien du Madchester, du Haçienda ni même de New Order et encore moins de tous les autres groupes ! Ce film m'a donc permis de découvrir tout un pan de l'Histoire dont j'ignorais totalement l'existence. Et, en un rien de temps, je suis devenue fan de New Order ! D'ailleurs, je pense que je n'ai pas réussi à retransmettre ici l'importance historique et musicale de cette période. Ça se sent vraiment dans le film ! 

J'ai eu envie de regarder ce film pour trois choses : les noms de Joy Division et de Siouxie sur l'affiche, et celui de Christopher Eccleston. Ce dernier est le neuvième Docteur, dans Doctor Who, et il est à vrai dire mon incarnation préférée de ce personnage. Du coup, depuis quelques mois je regarde aléatoirement les films dans lesquels il a joué, et ayant vu les noms de deux groupes que j'adore (en plus de Sex Pistols que j'écoute de temps en temps), il fallait que je le voie ! Quelle ne fut pas ma surprise quand, à la place de "Christopher Eccleston", le générique a mentionné "John Simm", acteur qui a joué le Master dans Doctor Who ! Non seulement je me retrouve avec deux acteurs de ma série préférée au prix d'un, qui jouent deux de mes personnages préférés, mais en plus ce dernier est dans 24HPP Bernard Sumner, le guitariste de Joy Division et chanteur de New Order ! Tandis qu'Eccleston n'a été mentionné qu'au générique de fin, pour un rôle que je ne spolierai pas, mais qui m'a beaucoup fait rire tant c'est British !

J'ai particulièrement apprécié John Simm dans le rôle de Sumner. Voir le Master (qui est un grand psychopathe assumé) dans la peau d'un guitariste-chanteur de deux groupes aussi cultes et base de la musique gothique, quelques années avant d'être le Master, était, d'un point de vue cinématographique, très intéressant. Le passage où il chante Blue Monday était particulièrement joli (et peut se regarder ici, pour un petit aperçu ou ici dans une autre version) et m'a donné envie d'aller vérifier si c'est bien lui qui chante, et voir la version originale... et c'est là que je suis tombée amoureuse de New Order ! Cette chanson en particulier est très rapidement devenue, hum, une de mes chansons préférées de tous les temps ? Sans exagérer ?

Globalement, si vous lisez toujours ces lignes, mon mot de fin serait que 24 Hour Party People est un très bon film, original, que j'ai adoré parce qu'il traite de certains groupes dont je suis une fan de longue date, mais en même temps il m'a permis de découvrir plein d'autre artistes et toute une période qui, on le sent très bien à travers le film, est incontournable dans l'Histoire de la musique post-punk !


Et voilà ! J'espère que vous avez apprécié cet article !
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Love New Order, Forever Joy Division, and Rave On !

Musicalement vôtre,
Nephelith ~