Pop Redemption, la comédie metal
Pop Redemption est une comédie française écrite et réalisée par Martin Le Gall, coécrite par Alexandre Astier et sortie en 2013. Au cinéma, elle a fait un flop... À tort !
Alex (Julien Doré), Pascal (Jonathan Cohen), JP (Grégory Gadebois) et Erik (Yacine Belhousse) forment un groupe de black metal, les Dead MaKabés. Alors traversant une crise de la trentaine qui leur donne envie de terminer leurs activités, le groupe se fait inviter au Hellfest, le plus grand festival de metal français, réunissant chaque année depuis 2006 des milliers de visiteurs et des groupes tous plus cultes les uns que les autres. En route pour le concert de leur vie, les Dead MaKabés ne se doutent pas un instant de la tournure que vont prendre les événements... À tout hasard : homicide involontaire et festival hippie qui célèbre la fraise... !
Une comédie française sur la culture metal, ça a de quoi faire peur. Il s'agit d'un sujet si peu maîtrisé par le grand public qu'on peut légitimement être dubitatif face à Pop Redemption, sans même parler des acteurs (Julien Doré en métalleux, vous avez dit ?). Au final, il n'en est rien !
Pop Redemption exploite les clichés du metal, et en particulier ceux du black : Satan, mort, violence, imagerie gore... Mais ce que Pop Redemption a compris, c'est que ces clichés sont justement des clichés. Ainsi, plus que d'exploiter ces cliché, le film joue avec : les métalleux y verront une grande autodérision, les néophytes comprendront qu'il ne s'agit que simples clichés.
Alex, notre protagoniste en chef, est le plus cliché de tous : il invoque Satan à tout va, il ne chante que de mort, il met en place un système pour faire gicler du faux sang sur scène... Et ses idioties énervent ses compatriotes métalleux. Cliché ambulant, on aurait pu s'attendre à ce qu'Alex reste un idiot finit pendant tout le film, jusqu'au fond du deuil qui le frappe... Eh bien non ! Le personnage d'Alex prouve qu'un tel cliché à l'extrême n'existe pas, et que face aux responsabilités, au deuil, aux problèmes divers qu'ils soient amicaux ou judiciaires, même une tête de con comme lui peut arriver à être sérieuse et se remettre en question quand il le faut.
Par ailleurs, les tenues sont très réalistes, que ce soit les tenues black metal ou celles du groupe hippie qu'incarnent nos protagonistes. Les deux univers sont très fidèlement restitués, et Julia (Délia Espinat-Dief), qui aurait pu être une parodie d'une ado gothico-métalleuse rebelle avec un visage tartiné de noir sur fond de teint blanc, est elle aussi habillée et maquillée de façon très réaliste.
En outre, Pop Redemption, c'est le festival des références : posters de Gorgoroth (à l'époque d'Einar Selvik !), d'Amon Amarth, Dozzy Cooper en parodie d'Alice Cooper... Et les références se font également voir du côté pop, ne serait-ce qu'avec la célébrissime Abbey Road des Beatles ! Et je ne mentionnerai même pas la petite référence à Kaamelott... !
Et que dire du fait que tous ces posters sont accrochés aux murs de la chambre de Julia, métalleuse passionnée ? Voilà une belle claque à tous ceux qui croient que le metal ne séduit pas les femmes !
La relation entre Julia et sa mère Martine (Audrey Fleurot), plutôt conflictuelle, se voit s'adoucir grâce au metal : Martine est une gendarme chargée de l'affaire d'homicide et de fuite des Dead MaKabés, et pour en apprendre plus sur eux, elle demande à sa fille de lui donner des cours sur la culture metal... Et même si ces cours ne l'enchantaient pas au début, on voit un sourire se dessiner au fur et à mesure qu'elle en apprend plus, et qu'elle voit que sa fille est passionnée par le sujet...
Le choc des cultures entre le metal et le hippie est un ressort comique, mais c'est aussi une belle leçon de vie : la musique n'a pas de barrière, et personne ne devrait se limiter à un seul univers musical. Il n'y a aucune honte à aimer les chansons brutales parlant de Satan et à aimer des chansons niaises prônant l'amour des fraises !
Pop Redemption est une belle histoire d'amitié et de passion musicale, qui se joue des clichés sur le metal et montre que même ces bourrins aux voix saturées et aux lourdes guitares sont des humains eux aussi, avec leurs joies, leurs peines et leurs doutes.
Loin d'être une simple parodie condescendante et inculte, Pop Redemption est un bel hommage à la culture metal, à mi-chemin entre un réalisme saisissant et une autodérision omniprésente.
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